Télécharger le cours d’entrepreneuriat pdf. Licence 2. Faculté des Sciences Juridiques et Politiques. Par  TCHOUNGA Anatole, PhD Expert Formateur en Entrepreneuriat.

INTRODUCTION

Ce support de cours est une introduction à la création d’entreprise. Elle se propose d’en présenter les étapes et de vous donner des repères pour aider à réduire les risques inhérents à toute création d’entreprises. Même si la démarche créatrice présente des caractéristiques universelles, les risques dépendent en grande partie du type d’entreprise envisagé et de votre profil entrepreneurial, et c’est la raison pour laquelle vous devez analyser sérieusement votre profil, pour réduire les risques qui pourraient surgir en raison de vos points faibles et utiliser au mieux vos atouts en fonction de vos opportunités.

. Cependant, si beaucoup de personnes envisagent créer une PME, très peu d’individus savent exactement ce qu’est l’entrepreneuriat et comment développer une entreprise. Gibb (2000) propose de définir l’entrepreneuriat comme « un ensemble de comportements, d’aptitudes et d’attributs exercés individuellement ou collectivement pour manager des individus ou des organisations de toute sorte, pour créer des entreprises et innover dans des contextes de forte incertitude et complexité ». En effet, une grande quantité d’éléments sont à prendre en compte selon qu’on se trouve dans la phase de pré-création, dans la phase de lancement de l’activité ou dans la phase de pérennisation de l’activité créée. En outre, l’entrepreneuriat ne se limite pas simplement à la création d’une nouvelle activité. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises stimulent les employés à innover en interne : c’est l’intrapreneuriat.

Le présent cours opère pour quatre grandes finalités :

  • Offrir aux apprenants une vision globale de la démarche entrepreneuriale
  • Expliquer deux logiques d’action entrepreneuriale (la logique prédictive et la logique effectuale).
  • s’appesantir sur les formalités de création d’entreprise : de la recherche de financement au  choix optimal de la forme juridique.

CHAPITRE 1: NOTIONS D’ENTREPRENEURIAT ET D’ENTREPRENEUR

L’entrepreneuriat s’est peu à peu imposé comme le moteur du développement économique et social dans le monde entier. Ce chapitre vise à sensibiliser l’étudiant aux principaux concepts à la base des comportements, des motivations et des actions des entrepreneurs.

Au terme de ce chapitre, l’étudiant sera capable de :

  • Cerner les différentes approches conceptuelles de l’entrepreneuriat ;
  • Identifier les motivations de l’entrepreneur ;
  • Évaluer le profil entrepreneurial ;
  • Identifier les sources d’opportunités d’affaires ;
  • Apprécier l’importance de l’innovation dans le processus entrepreneurial
  • Entrepreneuriat et approches dominantes
  • Notion de l’entrepreneuriat
  • définition

l’entrepreneuriat peut se définir comme une activité impliquant la découverte, l’évaluation et l’exploitation d’opportunités, dans le but d’introduire de nouveaux biens et services, de nouvelles structures d’organisation, de nouveaux marchés, processus et matériaux, par des moyens qui, éventuellement, n’existaient pas auparavant.

Le développement de l’entrepreneuriat au sein du système éducatif universitaire n’est plus à démontrer.

Du point de vue du processus entrepreneurial, les actions peuvent aller de la sensibilisation au conseil en passant par la formation à proprement dit ;

Du point de vue paradigmatique, deux finalités se dégagent (Bechard, 1995). La première finalité, la plus répandue au sein des Universités, renvoie à une vision restrictive de l’entrepreneuriat (c’est-à-dire à l’esprit d’entreprise) et est centrée sur la création de nouvelles organisations et l’identification d’opportunités existantes (Gartner, 1993). Cette vision dominante qui associe l’entrepreneuriat à la sphère économique et industrielle, relaie d’autres valeurs (sociale, écologique) au second plan.

Quant à la deuxième finalité, elle envisage la notion d’entrepreneuriat sous un aspect un peu plus extensible et revoie à l’esprit d’entreprendre. Cette vision s’inscrit dans un processus de création de valeur (Fernandez, 1999). Il s’agit de manière particulière de concevoir les choses, reliées à la prise d’initiative et à l’action, de comportement de certains individus qui ont la volonté d’essayer de nouvelles choses ou de les faire différemment, simplement parce qu’il existe une possibilité de changement.

Ces deux notions sont à notre sens complémentaires, car aucune d’entre elles ne suffit en soi pour qualifier le phénomène entrepreneurial. L’approche par la création d’une organisation et d’identification d’opportunités d’une part formalise le stade d’émergence de l’idée en une opportunité comme chose à découvrir et réintroduit d’autre part, l’action d’ordonner ou de structurer le réel que suppose tout acte de création sous des multiples formes organisées que sont le modèle d’affaires, le prototype de produit et l’entité créée. Cette approche se focalise davantage sur la phase de montage du projet et de lancement des activités jusqu’à ce que l’organisation se stabilise.

Une des limites de cette approche est d’élargir l’acte entrepreneurial à toute nouvelle action d’organiser. Une lacune que l’approche par la création de valeur compense en réintroduisant un principe essentiel de l’entrepreneuriat depuis Schumpeter, celui  du degré d’innovation ou de la valeur créée via l’organisation impulsée par l’individu qui est aussi engagé dans un dynamisme de changement au niveau personnel.

C’est dire que le concept d’entrepreneuriat ne consiste pas seulement à créer son entreprise, mais à créer son propre emploi. Une formation entrepreneuriale n’aboutit pas nécessairement à des créations effectives, mais vise à encourager des attitudes d’autonomie, de réactivité, de capacités à traduire des idées en projets, de travailler en équipes ou en réseau, de développement de soi, autant de qualités recherchées par les employeurs.

En résumé nous pouvons dire que :

L’entrepreneuriat s’exprime au sein de contexte très différents (économie sociale et solidaire, art, culture, sport, haute technologie, dans le domaine privé comme dans le domaine public) ;

L’entrepreneuriat donne lieu à la création de formes organisées diverses (entreprise, association, réseau…) ;

Il est porté par un individu (l’entrepreneur) ou une équipe (équipe entrepreneuriale)

L’entrepreneuriat ne se réduit pas à la création d’entreprise ;

Tout dirigeant n’est pas entrepreneur ;

Un salarié peut être entrepreneur.

Si le phénomène entrepreneurial semble élucidé, reste encore la question inhérente au profil entrepreneurial.

  • Formes de l’entrepreneuriat

L’entrepreneur est plutôt extraverti, il est animé par une ambition personnelle et par le désir de contrôler et de diriger.

L’entrepreneuriat peut se matérialiser par la création d’entreprise, le recours à la franchise, la reprise d’entreprise, l’essaimage, l’entrepreneuriat social, l’intrapreneuriat ou la start up.

  • La création d’entreprise

Après avoir trouvé une idée, il est indispensable de savoir si l’individu candidat à la création d’entreprise est en mesure de faire face aux exigences liées à l’exploitation de cette idée. Ensuite, il doit réaliser une étude de marché sur la faisabilité commerciale du projet. L’élaboration de prévisions financières est également indispensable pour s’assurer de sa rentabilité. Enfin, le choix d’un statut juridique engage l’entreprise pour le long terme.

  • La franchise

La franchise est un contrat de coopération entre deux entreprises indépendantes : le franchiseur et le franchisé. Le franchisé tire profit du concept développé par le franchiseur, de son savoir-faire moyennant un droit d’entrée et une redevance périodique. La franchise présente l’avantage pour le candidat entrepreneur de bénéficier de la notoriété du franchiseur, de son assistance ainsi que d’aides financières et techniques.

  • La reprise d’entreprise

La reprise d’entreprise qui peut paraître moins aléatoire que la création requiert également des qualités d’entrepreneuriat. En effet, il s’agit souvent de reprendre une activité en perte de vitesse qu’il est nécessaire de relancer et à laquelle il est nécessaire de donner une image plus favorable aux partenaires. La plupart du temps les dirigeants qui souhaitent vendre leur entreprise sont moins impliqués dans leur organisation et nombre d’entreprises cédées connaissent des difficultés qui ont motivé leur vente.

  • L’essaimage

L’essaimage est un ensemble de mesures et de dispositifs qu’une entreprise et ses dirigeants proposent à l’un ou plusieurs de ses salariés, afin de créer ou de reprendre une entreprise. Ces mesures ou dispositifs peuvent prendre  diverses formes comme le parrainage, une aide financière, l’apport de compétences, un accès à l’information, le transfert de brevet ou d’activités.

Louis Jacques Filion, définit trois types d’essaimage :

  1. Essaimage interne (spin-off) : Un membre du personnel de l’organisation essaimante (ou plusieurs selon Pirnay (2000)) crée une entreprise à partir d’une technologie développée au sein de l’organisation essaimante.
  2. Essaimage externe (spin-in) : Une entreprise est créée par un chercheur externe à l’organisation essaimante mais en utilisant une technologie développée au sein de celle-ci.
  3. Essaimage de sortie (spin-out) : L’entreprise est créée parce que l’organisation essaimante ne veut plus de cette technologie

–  Entrepreneuriat non marchand ou social.

Le principe de base ici est de créer des entreprises dont l’activité économique a été conçue de manière à créer de la « valeur sociale », à mettre en œuvre des solutions innovantes à des problèmes sociaux (dans les domaines de la création d’emploi, du développement durable, de l’environnement, de la santé…). Les entreprises de microcrédit, à l’image de la Grameen Bank de Mohamed Yunus, constituent un bon exemple.

  • Intrapreneuriat

Depuis la publication d’Intrapreneuring (Pinchot, 1985), la notion d’intrapreneuriat a pris de plus en plus d’importance. Malgré l’absence de consensus sur sa définition, on qualifie généralement d’acte intrapreneurial les activités entrepreneuriales au sein même d’une organisation établie. Ainsi, une entreprise confie à un de ses cadres la mission de créer et développer un centre d’activité spécifique (agence, succursale, usine, filiale, établissement à l’étranger). Le salarié est doté des moyens financiers nécessaires au lancement et peut même être associé au capital, dans certains cas.

L’entrepreneuriat est donc, sous toutes ses formes, un moyen incontournable de création d’emploi et de richesse. Le soutien de l’entrepreneuriat suppose tout, d’abord, la levée des barrières qui freine l’action entrepreneuriale

  • La Start-up
  • définition

Une start-up est une organisation temporaire à la recherche d’un business model industrialisable et permettant une croissance exponentielle (Steve Blank de la Silicon Valley).

Si ce n’est le statut juridique, une start-up se différencie en bien des points d’une entreprise classique. On est face à deux types de structures qui ne fonctionnent pas pareil, qui n’ont pas la même la même dynamique ni les mêmes objectifs.
Le mot “startup” n’est pas un anglicisme pour juste dire “jeune entreprise qui démarre” ou “entreprise technologique”. D’un côté, on a une structure dont un des enjeux est d’avoir des process efficaces, permettant de délivrer le meilleur service possible avec un fonctionnement optimal. De l’autre, on a une structure qui explore, expérimente, afin de trouver ce qui a de la valeur pour le client, comment lui délivrer cette valeur, et comment gagner de l’argent tout en le faisant (cette différence explique d’ailleurs pourquoi de nombreuses entreprises ont des difficultés à innover, car les process qui ont fait leur succès sont des freins à l’innovation).

La différence fondamentale est qu’une entreprise est organisée pour exécuter et optimiser un Business Model qui fonctionne, alors qu’une startup est organisée pour en trouver un.

  • Caractéristiques

Les caractéristiques suivantes permettent d’identifier une start-up :

*Temporaire : une startup n’a pas vocation à le rester toute sa vie. Être startup n’est pas un objectif en soi. Une startup est une phase particulière, et le principal objectif est d’en sortir. Il s’agit comme le dit Peter Thiel, célèbre entrepreneur de la Silicon Valley, de passer de 0 à 1, de transformer une idée en entreprise, de trouver une nouvelle manière de rendre un service, de créer de la valeur.

*Recherche d’un Business Model : Être une startup c’est apporter de la valeur à des clients avec un produit ou un service que personne n’a jamais fait avant. Et l’enjeu d’une startup est de trouver et construire le Business Model qui va avec. Un Business Model qui n’est pas calqué sur une structure existante, et qui n’est pas forcément évident au lancement de la structure.
Attention : ne pas confondre Business Model (l’ensemble du modèle, des mécanismes, qui permettent à l’entreprise de générer des revenus) et Business Plan

*Industrialisable/Reproductible : Cela signifie qu’une startup cherche un modèle qui, une fois qu’il fonctionne (i.e. on gagne de l’argent et on sait comment on en gagne), peut être réalisé à plus grande échelle, dans d’autres lieux, ou être fait par d’autres. L’exemple le plus parlant est celui d’Airbnb ou d’Uber, qui se déploient ville par ville à partir d’une recette qui fonctionne (même s’il faut bien entendu parfois l’adapter aux contextes locaux).

*Scalable (pour une croissance exponentielle) : L’autre caractéristique d’une startup, c’est sa scalabilité. Le fait d’avoir un modèle où plus le nombre de clients augmente, plus les marges sont grandes. Les premiers clients coûtent plus chers que les suivants, et ainsi de suite. C’est cette scalabilité, et le fait que le modèle soit reproductible, qui permet aux startups de grandir si vite et si loin, en peu de temps, comparativement à une entreprise plus classique.

  • Approches dominantes en entrepreneuriat

La littérature entrepreneuriale permet de distinguer trois principales approches : descriptive, comportementale et processuelle. L’approche descriptive (ou approche par les traits) répond à la question « qui est l’entrepreneur ? », l’approche comportementale (ou approche par les faits) répond à la question « que fait l’entrepreneur ? » et la troisième approche (approche processuelle) répond à la question « comment ? »

  • Approche descriptive (Approche par les traits)

L’approche descriptive appelée également, approche par les traits est une approche centrée sur l’individu. Elle consiste à repérer les traits de personnalité et les caractéristiques qui définissent la personnalité de l’entrepreneur. L’hypothèse principale derrière cette école de pensée est que les entrepreneurs possèdent des traits de personnalité, des attributs personnels et un système de valeurs qui les prédisposent à une activité entrepreneuriale et les distinguent des autres individus (les non-entrepreneurs).

Jusqu’à la fin des années 80, de nombreux chercheurs ont essayé de mettre en avant les caractéristiques psychologiques et les traits de personnalité qui caractérisent les entrepreneurs qui réussissent. « L’approche par les traits de personnalité a essayé d’établir le profil psychologique typique de l’entrepreneur, en partant du principe que les personnes qui possèdent les mêmes caractéristiques que les entrepreneurs auront une tendance supérieure ou un potentiel à agir de manière entrepreneuriale, ce dont seront dépourvues les personnes qui ne possèdent pas ces caractéristiques. Les chercheurs ont donc procédé par la recherche de déterminants du comportement (besoins, attitudes, croyances et valeurs spécifiques). L’entrepreneur et le non- entrepreneur doivent pouvoir être différenciés par des tendances entrepreneuriales et des traits psychologiques distincts »

Parmi les traits de personnalité cités dans la littérature : le goût de risque, le besoin d’accomplissement, le besoin de pouvoir, la créativité, l’innovation, le besoin d’indépendance et d’autonomie. Malgré une vaste littérature consacrée aux caractéristiques psychologiques des entrepreneurs, il est toujours possible de recenser de nouveaux traits de personnalité de ces entrepreneurs mais il est impossible de définir un profil type de l’entrepreneur. En effet, il n’y a pas d’entrepreneur typique.

Les critiques soulevées à l’égard de cette approche ont été très nombreuses.  « Selon Vesper (1985) et Gartner (1990), la recherche du profil de l’entrepreneur ne répond pas à la question fondamentale, à savoir : comment une entreprise voit-elle le jour ? L’entrepreneur type est un mythe. Par conséquent, toute typologie qui tenterait de catégoriser les entrepreneurs à partir des traits de personnalité paraît illusoire ». Dans son célèbre article « Who is an entrepreneur ? Is the wrong question »,  Gartner (1988) soulève plusieurs critiques à l’égard de l’approche par les traits. Il propose de se focaliser sur ce que fait l’entrepreneur (approche par les faits)  et non ce qu’il est (approche par les traits). En d’autres termes il s’agit de remplacer la question  «qui est l’entrepreneur?»  Par  « que fait l’entrepreneur?»

  • Approche comportementale (Approche par les faits)

Nous parlons souvent de l’entrepreneur (self-made man) mais nous oublions que sa réussite ne dépend pas uniquement de ses traits de personnalité et de ses caractéristiques psychologiques. En effet, « l’entrepreneur se forme graduellement, influencé d’abord affectivement par sa famille, ensuite symboliquement par le milieu du travail et ses modèles entrepreneuriaux, et enfin sociologiquement par son implication graduelle dans un milieu, son enracinement et son intégration dans ce dernier » (Schmitt, 2008). En d’autres termes, la dimension individuelle de l’entrepreneur n’est rien sans un environnement adéquat. Les variables environnementales caractérisant les individus sont donc devenues, elles-mêmes de réels objets d’analyse. De nombreuses publications ont montré l’importance de l’environnement socioculturel, du réseau personnel et professionnel, du contexte familial et du cadre politique et économique dans l’explication des comportements entrepreneuriaux. L’approche comportementale est donc intéressante en ce qu’elle se préoccupe des comportements de l’entrepreneur dans l’exercice de son activité, lesquels s’inscrivent dans un environnement culturel, social, économique et politique. Dans les années 1990, les recherches en entrepreneuriat se sont orientées vers l’étude des comportements des entrepreneurs (approche comportementale). La logique sous-tendant cette approche veut que l’on puisse prédire la performance des entrepreneurs en observant le « faire entrepreneur » et non « l’être entrepreneur ». Autrement dit, l’approche comportementale s’est orientée vers la définition de l’entrepreneur par ce qu’il fait, c’est-à-dire par les actions et les comportements qu’il engage tout au long du processus de création d’entreprise plutôt que par ses traits de personnalité (Chandler et Jansen, 1992). Selon Gartner (1993), la meilleure manière d’étudier le comportement entrepreneurial est de suivre la logique adoptée par  Mintzberg  pour étudier le comportement managérial : « Je crois que la recherche sur les comportements entrepreneuriaux doit être fondée sur le travail de terrain selon le modèle de l’étude de Mintzberg sur le travail managérial. Les chercheurs doivent observer les entrepreneurs lorsqu’ils sont en train de créer des organisations. Ce travail doit être décrit en détail et les activités systématisées et classifiées. La connaissance des comportements entrepreneuriaux dépend du travail de terrain.»

Vers le début des années 90, un grand débat a animé la communauté des chercheurs en entrepreneuriat. Il concernait la critique des approches focalisées sur les traits de personnalité (approche descriptive) et celles centrées sur les comportements (approche comportementale). Stevenson et Jarillo (1990) affirment « qu’il est réducteur d’expliquer un comportement complexe (l’entrepreneuriat) en se référant à quelques traits psychologiques ou sociologiques.

  • Approche processuelle

Depuis le début des années 90, les recherches en entrepreneuriat changent d’orientation pour s’intéresser désormais au processus entrepreneurial. En effet, de nombreux auteurs ont affirmé qu’il est réducteur de limiter l’étude du phénomène entrepreneurial en se référant à quelques traits de personnalité (approche descriptive) ou à des comportements (approche comportementale). Il paraît important de s’ouvrir à de nouvelles perspectives de recherche qui prennent en considération l’aspect dynamique et processuel de l’entrepreneuriat. Autrement dit, les recherches en entrepreneuriat ne sont plus centrées sur l’entrepreneur et ses traits de personnalité mais plutôt sur le processus entrepreneurial.  L’approche par processus est une approche dynamique qui s’intéresse à des phénomènes en évolution. Elle « s’oppose aux approches fixistes du monde où l’on fige des relations et l’état des notions et des concepts. (…) Elle correspond à toutes ces publications récentes où il n’est plus question du créateur et de ses caractéristiques, mais de formation d’organisation, de création d’organisation, d’émergence organisationnelle, etc » (Hernandez, 1995). Contrairement à l’approche descriptive et comportementale, l’approche processuelle privilégie une vision plus large de l’entrepreneuriat.

« Si l’approche descriptive cherche à comprendre le rôle de l’entrepreneur dans l’économie et la société, si l’approche comportementale explique les actes et les comportements des entrepreneurs en les situant dans leurs contextes spécifiques, la démarche processuelle a pour objet d’analyser dans une perspective temporelle et contingente, les variables personnelles et environnementales qui favorisent ou inhibent l’esprit d’entreprise, les actes et les comportements entrepreneuriaux» (Tounés, 2003).

Gartner (1990) définit le processus entrepreneurial comme étant le processus qui précède la création d’une organisation. : Il commence par « l’initiation », c’est-à-dire le moment où l’entrepreneur décide de créer une entreprise et se termine par « l’établissement » c’est-à-dire la création de l’entreprise.

  • L’entrepreneur et ses motivations
  • Définition de l’entrepreneur

Selon le Grand Dictionnaire, l’entrepreneur est défini comme étant une « personne ou groupes de personnes qui crée, développe et implante une entreprise dont il assume les risques, et qui met en oeuvre des moyens financiers, humains et matériels pour en assurer le succès et pour réaliser un profit ». Le mot « entrepreneur » est d’origine française qui peut signifier étymologiquement « celui qui entreprend ». E.M. Hernandez considère que : « le concept de l’Entrepreneurship ne peut pas être apprécié qu’en faisant référence à l’entrepreneur ». Les entrepreneurs créatifs possèdent de grandes réserves d’énergie, de ténacité et d’imagination, et ces qualités, combinées à leur aptitude à prendre des risques calculés, leur permettent de transformer en un projet concret ce qui n’est souvent au départ qu’une idée très simple et assez floue. Ils savent faire partager leur enthousiasme à une organisation. Le volontarisme et la détermination qui les animent leur permettent de susciter l’adhésion autour de leur projet d’entreprise. Selon Manfred (1997) : les entrepreneurs sont des individus tournés vers l’action et les résultats concrets, ils aiment décider et refusent la routine, le travail répétitif. Pour Jean Marie Toulouse, l’entrepreneur est avant tout un réalisateur de projets, quelqu’un qui dans la société perçoit une opportunité et imagine une façon de répondre à ce besoin avant que d’autres ne le fassent ; c’est une personne qui, fasse à une situation problématique, développe un projet, une vision qui transforme le problème en une occasion d’affaires.

Outre sa richesse et la précision « comportementale » de son contenu, cette définition a pour intérêt de se focaliser sur les activités de découverte et de création de l’entrepreneur, avec déjà  un accent sur les concepts d’opportunité et d’occasions d’affaires, qui sont à la base des définitions de l’entrepreneuriat.

Cependant il serait intéressant de savoir qu’est ce qui motive les jeunes à entreprendre. Nous allons à présent nous appesantir sur  l’analyse des motivations profondes qui peuvent être à l’origine de l’intention d’entreprendre.

2-  Ses motivations.

Les définitions de la motivation s’avèrent des plus variées et souvent très divergentes. Certains la perçoivent comme une des forces internes (instincts, désir, volonté).D’autres, évoquent plutôt des traits de persistance (tel le désir de réussite), ou encore des réponses comportementales à des stimuli. La perspective cognitive contemporaine, pour sa part, souligne l’influence des pensées, croyances et émotions de l’individu sur la motivation. Le dictionnaire de psychologie de Larousse la décrit comme « l’ensemble des facteurs dynamiques qui déterminent la conduite d’un individu », alors que Pintrich et Schunk soutiennent que la motivation est « le processus par lequel une activité visant un objectif est initiée et maintenue ».

Il résulte de ce qui précède, deux types de motivations :

Les motivations intrinsèques et les motivations extrinsèques.

Les motivations intrinsèques sont celles qui viennent de notre intérieur, nous n’avons rien à faire pour les créer puisqu’elles sont innées. Elles font partie de la nature humaine. En revanche, les motivations extrinsèques sont des facteurs externes qui règlent notre comportement. Personne n’est venue au monde avec le goût de l’argent, l’argent est une pulsion externe ou extrinsèque du comportement, c’est une motivation acquise ou apprise.

La théorie hiérarchique des besoins fondamentaux de Maslow porte sur les relations entre personnalité et motivation. Selon ce dernier, une théorie de la motivation humaine doit considérer avant tout une hiérarchie des besoins qui compte six niveaux :

° Besoins physiologiques, correspondant tous à des manques de l’organisme (alimentation, sexualité) etc.

° Besoins de sécurité. Recherche d’un environnement sain, stable, ordonné et prédictible, excluant les dangers et les changements.

° Besoins d’appartenance et d’amour concernant le partenaire, les amis, la communauté ethnique ou culturelle, tendance grégaire ou groupale, ou centrée sur la famille.

° Besoins d’estime de soi et par les autres. Recherche de la réussite, du statut. L’attribut mérité est nécessaire pour que l’estime soit vraiment satisfaite.

° Réalisation de soi, de ses capacités, de ses idées et idéaux.

° Besoin de savoir et de comprendre. Goût du mystère et de l’inexpliqué, curiosité gratuite, fuite du coutumier, de la monotonie, du déjà vu.

De manière générale, les individus sont motivés par des besoins qu’ils cherchent à satisfaire. L’entrepreneur est dans la réalité un réalisateur de projets qui cherche en permanence de nouvelles pistes de développement. Il privilégie pour ce faire le leadership, le pouvoir de contrôle et la prise de risque.

  • Démarche entrepreneuriale
  • Notion d’opportunités

Les opportunités d’affaires dont les origines, multiples, restent mal connues, n’arrivent pas « clés à main » sur le marché de la création d’entreprise. Par ailleurs, les individus ne possèdent pas de manière égale des informations leur permettant de s’en saisir ; même s’ils les détenaient, ils n’en profiteraient pas de la même manière.

Il se dégage au moins trois théories pour expliquer le développement des opportunités, soit celle économique, celle relevant des cognitivistes et celle dite sociale. La première considère que toute opportunité existe préalablement sur le marché mal desservi par les firmes. Les cognitivistes pensent que certains entrepreneurs auraient une capacité particulière à découvrir une nouvelle opportunité. Mitchell considère que certains ont une attention particulièrement aigue pour discerner certaines informations et transformer celles-ci en occasion d’affaires. Cette capacité tendrait à se développer avec l’expérience, par essais et erreurs et par la pratique. Enfin, les sociologues affirment que les nouvelles idées à la base des opportunités sont le plus souvent mises en lumière par des réseaux informationnels riches fournissant les informations complémentaires. Par exemple, les études montrent que les clients sont une source importante d’information menant à des opportunités, à la condition qu’ils soient mis à contribution et que l’organisation, par sa structure interne, soit capable de saisir et de transformer cette information ou connaissance.

Autrement dit, il est question ici de répondre à une question simple : comment trouver une idée s’affaires ?

On le voit si bien à travers le développement qui vient d’être fait que les sources d’idées sont multiples : de l’observation à l’intuition en passant par la recherches des informations.

  • Innovation
  • Qu’entend-on par innovation

Lorsqu’on parle d’innovation, on entend le plus souvent innovation technologique, c’est-à-dire : « la mise au point /commercialisation d’un produit performant dans le but de fournir au consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés »

Mais on parle aussi d’innovation technologique de procédé :

La mise au point/adoption des méthodes de production ou de distributions nouvelles ou améliorées.

Bien qu’elle soit qualifiée de technologique, cette innovation qu’elle soit de produit ou de procédé, peut avoir des origines non technologiques.

« Elle peut faire intervenir des changements affectant, séparément ou simultanément, les matériels, les ressources humaines ou les méthodes de travail »

L’innovation peut alors porter sur tout ou partie des éléments constitutifs de l’entreprise et son environnement :

  • Ses méthodes de travail, d’administration, de gouvernance et de vente (informatisation, vente en ligne…)
  • Ses marchés (recherche et conquêtes de nouveaux marchés)
  • Son outil de production (automatisation, mise en place de la qualité)
  • Son organisation (adoption d’un nouveau type de gestion de production)
  • Ses services (création d’un SAV, formation des clients)
  • Ses ressources humaines (formation du personnel, embauche d’experts)
  • Ses produits et technologies (recherche, développement).

La définition de l’innovation est beaucoup plus large qu’il n’y paraît.

  • Pourquoi innover ?

b1-  les enjeux à l’innovation

L’entreprise agit généralement sur un marché concurrentiel dans lequel sa survie dépend de sa capacité à évoluer, à s’adapter (exactement comme les espèces dans la nature).

L’innovation constitue une réponse parmi d’autres au besoin de durer dans un environnement commercial, artisanal ou industriel d’étendue locale, nationale ou internationale.

Il est prouvé que les entreprises innovantes :

  • Son plus aptes à maintenir leur position de marché ;
  • Ont une meilleure croissance ;
  • Conquièrent de nouveaux marchés ;
  • Diversifient leurs activités ;
  • Sont plus actifs à l’export.

L’innovation est synonyme de compétitivité : elle permet d’envisager une augmentation d’activité, donc de chiffres d’affaires, la consolidation de la position concurrentielle, la prise des parts de marché supplémentaires et l’amélioration des marges. Elle permet de garder la maîtrise du métier et du savoir faire et d’anticiper la réponse aux nouveaux besoins des clients.

b.2 les raisons de la non innovation

Une notion fondamentale et fortement liée à la capacité d’innover est l’information.

Les difficultés des très petites entreprises à innover sont imputables à l’absence de veille informative.

Les raisons en sont multiples :

  • Le manque de temps pour collecter l’information,
  • Le manque de qualification pour savoir où et comment chercher,
  • La culture d’entreprise et le style de management peuvent constituer un frein pour l’accès aux informations et pour leur utilisation.
  • La rétention d’information pour un fournisseur unique,
  • Le coût de l’accès aux informations
  • L’incapacité à formuler une idée ou un objectif.

Cette idée d’information et de veille qui a été largement développée par le concept « d’intelligence économique » constitue une condition nécessaire au processus d’innovation.

Savoir c’est prévoir ; prévoir c’est anticiper et s’adapter ; s’adapter c’est survivre.

b.3. Les motivations à l’innovation

Concrètement, dans quel but une entreprise innove-t-elle ?

Pour :

  • Conquérir nouveaux marchés ou accroître la part de marché
  • Elargir la gamme de produits
  • Améliorer la qualité des produits
  • Remplacer les produits obsolètes
  • Réduire ses consommations des matières
  • Réduire ses coûts salariaux par unité produite
  • Donner davantage de souplesse à la production
  • Produire plus et plus vite
  • Satisfaire aux normes et à la réglementation
  • Réduire les atteintes à l’environnement.
  • Le processus de l’innovation

c.1.  Le rôle du chef d’entreprise

L’innovation a fait l’objet de nombreuses analyses, mais il est nécessaire de rappeler que c’est un processus qui s’appuie sur des ressources humaines.

Dans une TPE ce processus passe prioritairement par le chef d’entreprise. A ce titre, le profil de l’entrepreneur et sa capacité à percevoir les attentes et changements de son environnement sont primordiaux car il doit faire partager sa vision dynamique et positive et l’intérêt de sa démarche.

Il est indispensable que le dirigeant sache fédérer le personnel autour de du projet d’innovation afin que chacun, quelle que soit sa fonction, intègre et comprenne bien l’intérêt de la nouveauté et du changement (nouvelles méthodes de travail, organisation, stratégies, produits).

Le chef d’entreprise n’est pas cependant  pas seul, car il peut facilement  trouver, s’il le désire, des experts capables de l’accompagner dans sa démarche de progrès.

c.2. Les sources d’informations

Les sources d’informations sont nombreuses, il faut savoir en profiter :

  • Sources internes à l’entreprise (connaissances, expériences)
  • Internet (attention, l’information doit être soigneusement filtrée et évaluée
  • Concurrents (que proposent-ils, comment ils travaillent ?)
  • Clients (quels sont leurs besoins, leurs problèmes)
  • Fournisseurs (comment leurs produits ou services évoluent-ils ?)
  • Pôles d’innovation (l’information fait partie de leur mission)
  • Universités
  • Organismes publics de recherche
  • Publications de brevets
  • Conférence, séminaires
  • Presses professionnelles, revues
  • Base de données
  • Réseaux
  • Salons et expositions
  • Journées porte ouvertes
  • Etudes de marché

L’information récoltée doit être filtrée (que faut-il garder) et structurée (classement, mise à jour, archivage, élimination, facilité à retrouver l’information).

A partir de ces différentes sources et sur la base de la stratégie de l’entreprise, un processus d’innovation peut se cristalliser et prendre forme. Sa concrétisation suppose l’examen préalable de  deux axes importants :

  • Les forces internes : les valeurs propres à l’entreprise
  • Les apports possibles en externe : apports techniques, économiques, réglementaires et juridiques.

c.3. Les risques d’échec au projet d’innovation.

Les risques pouvant mener à l’échec d’une démarche d’innovation sont de quatre natures :

  • Risque technique : le manque d’information sur la technologie et le manque de compétences techniques sont des obstacles à l’atteinte des performances visées dans les objectifs du projet, en particulier si le projet vise à développer un nouveau produit ou à acquérir une nouvelle technologie.
  • Risque commercial : le marché s’avère finalement absent car il n’est pas encore assez mûr, ou ses besoins ont été mal analysés, ou la stratégie d’acquisition des parts n’est pas efficace. Par exemple, le client n’est pas aussi réactif qu’on l’espérait face à un nouveau produit.
  • Risque financier : si le coût de l’innovation s’avère trop élevé, les retombées financières espérées seront absentes. De même un financement refusé (public ou privé) mène souvent à l’abandon du projet.
  • Risque organisationnel : l’entreprise se voit déstabilisée par la nouvelle organisation, par les nouvelles méthodes, par les nouveaux outils. Des freins sociaux apparaissent.

Un manque de souplesse dans l’organisation peut être fatal. Une réglementation peut constituer un obstacle non négligeable. Une coopération mal négociée où le rôle des partenaires n’est pas clairement défini va vouer le projet  à l’échec.

Aucun projet n’est dénué de risques. Les risques doivent être analysés, puis des actions de maîtrise doivent être mises en place.

  • Risques financiers : bien évaluer le coût de l’innovation-estimer le budget et y affecter des fonds propres- faires le tour des aides financières et soigner le dossier de financement- prévoir éventuellement une protection s’il s’agit de nouveau produit (brevet)
  • Risque technique : avoir recours à la formation- embaucher une personne qualifiée- s’adjoindre une aide extérieure (bureau d’étude, conseil, pôle d’innovation)- faire des essais
  • Risque commercial : procéder à une étude de marché- faire des sondages- bien évaluer la concurrence- élaborer une stratégie commerciale (avec l’aide éventuelle d’un prestataire).
  • Risque organisationnel : donner un maximum d’information au personnel- motiver- se mettre au fait des réglementation et normes- en cas de partenariat, rédiger ou faire rédiger un contrat précis  en bonne et due forme.

c.4. la démarche d’innovation

Idée

Formaliser d’idée

Vérifier la faisabilité

Définir le projet

Analyser les risques

Risques maîtrisés→non→^revoir le projet

Oui

Identifier les aides

Ressources disponibles→ non→ revoir le projet

Oui

Réaliser le projet

Evaluer les retours

↓résultats

 

c.5. Les outils de l’innovation

En fonction du type de problème de conception à résoudre, et de l’avancement du projet, il existe différents types d’outils et de méthodes :

  • Outils de caractérisation des besoins
  • Outils de créativité
  • Outils de définition de solutions
  • Outils de management de projets
  • Outils de qualité
  • Outils de diagnostic
  • ….

CHAPITRE 2 : PROCESSUS ENTREPRENEURIAL

Ce chapitre  s’attache à expliquer deux logiques d’action entrepreneuriales. La première est l’élaboration d’un business plan. En effet, ce processus est généralement considéré comme la meilleure méthode pour préparer, valider et mettre en œuvre un projet d’entreprise. La seconde logique est plus émergente et moins formalisée. Elle repose entre autre sur l’idée que l’entrepreneur procède par essais et erreurs en veillant à conserver un bon contrôle du déroulement du processus. A ce niveau, on parle d’effectuation, de débrouille, voire même de bricolage.

L’objectif général est donc de présenter les meilleures pratiques en matière de création et développement de jeunes entreprises qui représentent l’archétype de la démarche entrepreneuriale : la logique causale et la logique effectuale.

La logique effectuale suppose qu’à partir des ressources qui sont à la disposition (son capital humain, intellectuel et social), l’effectuateur imagine une série d’objectifs possibles issus de leur combinaison. Sarasvathy qualifie cette logique de pensée entrepreneuriale. A contrario, la logique causale implique de sélectionner une série de ressources permettant d’atteindre un objectif prédéterminé. C’est le mode de pensée dominant dans les organisations, qualifié par Sarasvathy de managérial.

Au terme de ce chapitre, l’étudiant sera capable de :

Cerner la différence entre   l’approche prédictive et l’approche effectuale.

A-   Logique prédictive ou causale

« Tant qu’il est possible de prédire le futur, il est possible de le contrôler » (Sarasvathy et Simon, 2000).

Le processus causal suppose qu’à partir d’un objectif prédéterminé, l’entrepreneur réalise une série d’études de marché et d’analyses concurrentielles destinées à l’élaboration d’un Business Plan, qui va servir d’outil pour acquérir les ressources et partenaires nécessaires à sa mise en œuvre.

Entrez dans une salle de cours dans n’importe quelle grande école de commerce aujourd’hui, et il est très probable que quelle que soit la matière enseignée, elle reposera sur la rationalité causale. La rationalité causale consiste à choisir le moyen le plus efficace en termes de ressources (le moins cher, le plus rapide, etc.) pour atteindre un but donné. En marketing, on cherchera le segment le plus attractif; en ressources humaines, on cherchera à recruter le meilleur profil pour un poste, en stratégie, on cherchera à obtenir la plus grosse part de marché, etc. La rationalité causale implique une logique d’optimisation et met l’accent sur l’importance de la prévision et de l’analyse préalables pour éviter les mauvaises surprises qui empêcheront l’optimisation poursuivie. La rationalité causale implique naturellement qu’il soit possible de définir un but clair. Elle fonctionne bien dans des marchés établis, dans lesquels les structures, les concepts produits et les marchés sont connus. Par exemple, une entreprise qui décide de lancer un nouveau dentifrice peut se procurer facilement des études très complètes sur ce marché ; il lui est donc possible de définir ce qu’elle peut attendre de ce lancement compte tenu de la concurrence et de la dynamique du marché, elles aussi connues avec précision. L’entreprise définira son objectif en terme de part de marché, de chiffre d’affaire, ou de marge et jugera de sa réussite au regard des résultats atteints et du budget mis en œuvre. Il s’agit bien évidemment d’atteindre l’objectif maximal avec le budget minimal, conformément à la logique d’optimisation.

Or l’évidence empirique montre qu’on ne peut pas appliquer la logique causale pour les entrepreneurs parce que cette logique va échouer ; vu que c’est impossible de prédire un futur.

 

POUR MEMOIRE

CONTENU DU BUSINESS PLAN

SOMMAIRE

  1. Présentation synthétique du projet
  • L’entreprise
  • Les créateurs
  1. Aspects économiques du projet de création
  • Le produit
  • Le marché
  • Motivations de la création
  • Motivation des créateurs
  • Motivation liées au marché
  1. Stratégie à 3trois ans
  • Notre segmentation
  • Nos objectifs
  • Stratégie de communication
  • Plan de l’entreprise
  • Forces et faiblesses
  • Plan d’action
  1. Prévision d’activité
  • Chiffre d’affaires et marge
  • Effectif
  1. Dossier financier
  • Financement du projet
  • Compte de résultat prévisionnel (en F CFA)
  • Bilan prévisionnel (en F CFA)
  • Tableau de financement (en F CFA)
  • Tableau de trésorerie (en F CFA)

 

B- la logique effectuale

« Tant que je contrôle le futur, il ne sert à rien de le prédire » (Sarasvathy et Simon, 2000).

Le processus effectual suppose que le capital personnel des entrepreneurs forme la première série de ressources qui, lorsqu’elles sont combinées avec les contingences, créent un objectif qui n’est pas prédéterminé mais qui se construit durant le processus.

Les principes effectuaux consistent concrètement en un ensemble de processus cognitifs et de comportements guidant l’action sous incertitude. L’action des effectuateurs se fonde non pas sur des objectifs préexistants, mais sur les ressources qui sont à leur disposition. Les effectuateurs prennent leurs décisions en fonction du niveau de pertes ou de risques qu’ils peuvent accepter, et non selon un strict calcul coûts-bénfices. Effectuer, c’est exploiter plutôt qu’éliminer les contingences, qui sont vues comme des opportunités et non comme des risques à éviter par des stratégies spécifiques. Enfin, dans l’approche effectuale, le futur se contrôle et ne peut se prédire car il est imprévisible.. Un exemple de raisonnement causal est le suivant: « Je veux atteindre 10% de ce marché; quel investissement est nécessaire? ». Un exemple de raisonnement effectual est le suivant: « Je dispose de 10.000 FCFA et je suis passionné par le sport. Que puis-je imaginer comme idée d’entreprise? ».

La raison pour laquelle les entrepreneurs ont tendance à utiliser le raisonnement effectual est qu’ils agissent en général dans des contextes de rupture forte, dans lesquels ni les produits, ni même les marchés qui leur correspondent, n’existent encore au moment de leur création. Dans une telle situation, la rationalité causale ne fonctionne plus, car définir des objectifs est impossible : on ne peut viser une part d’un marché qui n’existe pas, et encore moins un chiffre d’affaire, et l’absence d’information objective rend inutile la prévision. En situation d’incertitude, il s’agit moins d’optimiser que de créer, les deux démarches sont totalement différentes.

Tandis que l’approche causale correspond à une approche délibérée de la stratégie, fixant des buts clairs et stables dans le temps, le raisonnement effectual est non déterministe et émergent. La notion de but ‘ultime’ disparaît presque totalement au profit d’une série de buts se présentant comme des étapes intermédiaires établis en fonctions des moyens disponibles à un instant t, une proposition très réaliste lorsque l’on sait que la caractéristique principale d’une jeune entreprise est d’être très contrainte au niveau de ses ressources.

Les logiques causales et effectuales font toutes les deux parties du raisonnement humain. L’une n’est pas meilleure que l’autre, mais simplement elles sont pertinentes dans des situations différentes. Et pourtant, la plus grande partie de notre enseignement repose sur une logique causale. Pour simplifier, on dira que la logique causale repose sur le paradigme du choix: la question de la décision est en effet formulée en termes de choix parmi un certain nombre d’options existantes. A l’extrême, l’enseignement forme à la résolution de  problème clairement défini auquel il existe une solution unique. La logique effectuale repose sur un paradigme de création: on ne résout pas un problème mais on définit de nouvelles possibilités à partir des ressources existantes. Seule cette approche est génératrice de nouveauté. Il faut souhaiter que notre enseignement fasse un peu plus la part à la création et un peu moins à l’optimisation.

L’effectuation correspond bien à une situation d’innovation, c’est-à-dire d’incertitude forte.

Kotha (2001) estime que l’utilisation de la logique effectuale est préconisée lorsque les marchés doivent être créés, et que la logique causale semble plus utile dans le processus de création d’entreprise survenant sur des marchés existants.

Les principes et conditions d’utilisation des logiques effectuales et causales sont synthétisés dans le tableau suivant :

Logique d’action Effectuale Causale
Sous-construits Fondement de l’action Les ressources disponibles Les objectifs à atteindre
Critères de décision des options Un niveau de pertes acceptables Un objectif de rentabilité
Stratégies/Acteurs externes Stratégies d’alliances Stratégies concurrentielles
Stratégie/ Contingences. L’exploitation d’évènements inattendus L’élimination de contingences
Stratégie/futur Contrôle Prévision
Hypothèses d’utlisation   Le marché est inexistant Le marché est existant
L’offre est existante ou nouvelle L’offre est existante ou nouvelle

CHAPITRE 3- RECHERCHE DE FINANCEMENT ET CHOIX DE LA FORME JURIDIQUE

  • RECHERCHE DE FINANCEMENT

Objectifs : En supposant que le candidat à la création d’une entreprise a franchi avec succès toutes les étapes précédentes, il a le loisir de mettre ses moyens financiers au service de sa future entreprise. Mais dans bien de cas, ses moyens financiers personnels seront insuffisants, et il aura besoin des apports extérieurs. L’objectif ici est alors d’exposer les voies légales de financement des entreprises, et le choix de sa forme finale. De ce choix dépend largement l’optimisation de la rentabilité des moyens financiers mis en œuvre.

Toute organisation naissante ou déjà existante a certes des besoins de financement, mais aussi des potentialités propres de financement qu’elle ignore. Il est de la responsabilité du gestionnaire de recenser tous les moyens générateurs de revenus. Si ces ressources s’avèrent insuffisantes, il peut alors se tourner vers d’autres sources de financement extérieur. Le souci  permanent doit être les moyens disponibles pour accroître son autofinancement ; cet objectif peut être atteint par :

  • Les cotisations des membres ;
  • Les apports matériels en nature ;
  • La vente des produits ;
  • L’épargne ;
  • La vente des prestations de service, etc.

En bref, il faut explorer ses propres moyens avant de s’adresser aux bailleurs de fonds. Toute organisation doit viser l’indépendance et l’autonomie financière, ce qui évite le sentiment de dépendance et d’impuissance qu’éprouve toute organisation assistée face à son financeur.

1- Contact avec les bailleurs de fonds

Dans la recherche de financement, un contact, une relation doit se créer entre le donateur (c’est-à-dire celui qui fournit les fonds) et le donataire (celui qui reçoit et consomme les fonds).

Pour toute organisation à but lucratif ou non, chercher et obtenir un financement extérieur requiert de la méthode, de la persévérance et bien souvent de l’imagination.

Il faut d’abord s’informer du genre de projets financés par l’organisme donateur ;

Il faut ensuite :

  • Planifier une stratégie ;
  • Bien rédiger le projet à soumettre ;
  • Contacter le représentant local ou écrire à l’organisme financeur pour un rendez-vous afin de présenter le projet ;
  • Présenter le projet et en déposer une copie ;
  • Etablir de bonnes relations avec le représentant de l’organisme,
  • Assurer le suivi du projet en contactant régulièrement le représentant local.

2- les sources d’information et de financement

  • Les sources d’information et d’appui technique

Les sources d’information et d’appui technique sont constituées généralement des projets de coopération, des Organisations non Gouvernementales, des Agences de coopération, des chambres consulaires, des projets de développement gouvernementaux, des cabinets-conseil et les services publics.

Pour chaque institut que l’on trouvera, l’accent sera mis sur un certain nombre de points vous renseignant sur lui :

  • Généralité (adresse, objectif général)
  • Activités (financement, assistance technique) ;
  • Critères d’éligibilité ;
  • Types de financement ;
  • Composition du dossier.
  • Les sources locales et extérieures de financement

Elles sont nombreuses, et le créateur d’une entreprise peut cumuler deux ou plusieurs moyens exposés ci-dessous :

-Les dons et legs faits au créateur de l’entreprise par les tiers ou les membres de sa famille. Cette forme de financement éventuelle n’est évoquée que par ricochet, car on ne saurait mettre sur pied son entreprise en comptant sur les dons ou les legs dont on sait qu’ils relèvent du pouvoir discrétionnaire du bienfaiteur.

-L’épargne personnelle du créateur de l’entreprise ou des associées s’il s’agit d’une entreprise collective. Ce serait l’idéal, mais cette forme de financement ne court pas les rues.

-Les prêts bancaires ou auprès d’autres établissements financiers, ou auprès des groupements tontiniers. Ces prêts sont dans la pratique subordonnés à la fourniture d’une garantie de paiement par l’emprunteur, car si par le prêt le prêteur tente de rentabiliser son investissement, son souci premier est celui de recouvrer le capital mis à la disposition de l’emprunteur. Ces prêts peuvent être à court, moyen ou long terme. A ceux-ci, les banques et autres organismes spécialisés préfèrent le leasing ou crédit-bail, qui est une forme d’investissement plus souple qui profite tant aux entreprises qu’aux vendeurs de matériel.

-Les interventions étatiques. Sous réserve du respect des règles de la concurrence, l’Etat peut intervenir dans le financement des entreprises, au regard de leur importance dans sa mission régalienne de service public. Cette intervention peut se faire de manière directe ou indirecte. Elle est directe lorsque l’Etat intervient par la prise d’une part au capital de la future entreprise par exemple, ce qui fait d’elle une entreprise parapublique. Elle est indirecte lorsque l’Etat prend des mesures incitatives de création des entreprises, tels par exemples des allègements fiscaux. Mais dans ce dernier cas, la mesure est collective, et nécessite un vote des députés dans le cadre de la loi des finances, au regard du principe de la légalité de l’impôt.

Quelle que soit la source du financement de l’entreprise, ce financement ne donnera les fruits escomptés que si la forme juridique de l’entreprise est en adéquation avec les activités à mener, et le montant du financement effectivement obtenu. D’où la nécessité de bien choisir la forme juridique de l’entreprise.

c- Le choix optimal d’un mode de financement

En matière de financement, les modes classiques sont les ressources propres et les emprunts. La question qui est généralement posée, lorsque l’entrepreneur a accès à ces différents modes de financement est de savoir quelle devrait être la combinaison optimale de ces modes de financement au regard de deux paramètres centraux qui doivent gouverner le choix d’un mode de financement,  à savoir le paramètre coût et le paramètre risque.

Les deux questions que l’entrepreneur doit se poser sont les suivantes :

  • Quel est le coût du mode de financement qui s’offre à moi ?
  • Vais-je aggraver le risque le risque de l’entreprise par un endettement supplémentaire.

Il s’agit dès lors de procéder à un arbitrage risque-tout.

Sur ce point il n’existe pas de consensus puisque certains spécialistes pense qu’il existe une combinaison optimale de capitaux propres et de dettes alors que d’autres pensent le contraire.

Dans tous les cas, aussi longtemps que le taux de rentabilité de l’ensemble des capitaux investis dans une affaire est supérieur au coût des dettes, on peut accroître le taux de rentabilité des capitaux propres en augmentant la proportion des dettes dans la masse des capitaux de l’entreprise. En Economie, un tel effet prend le nom d’effet de levier financier et s’explique parce que les charges financières associées aux dettes des l’entreprise sont déductibles fiscalement

B- Choix de la forme juridique de l’entreprise

Quel que soit la nature de l’activité envisagée, le choix d’une structure juridique adaptée au projet de création est lourd de conséquence sur le devenir de l’entreprise. En fait, le statut juridique correspond au cadre légal dans lequel le promoteur va exercer son activité. Le choix de ce statut doit faire l’objet d’une réflexion approfondie compte tenu des conséquences qu’il entraine pour l’entreprise, tant au niveau patrimonial que social ou encore fiscal.

Il est conseillé au promoteur de faire appel à des professionnels pouvant l’aider à choisir la forme juridique la plus adéquate.

  • Les critères de choix d’une structure juridique

Le choix d’une structure repose sur les critères suivants :

  • La nature de l’activité ;
  • L’envie de s’associer ;
  • L’organisation patrimoniale ;
  • Les besoins financiers ;
  • Le fonctionnement de l’entreprise ;
  • La crédibilité vis-à-vis des partenaires (banquiers, clients, fournisseurs …)
  • La nature de l’activité.

Certaines activités, à l’instar des opérations de banque, imposent le choix de la structure juridique. D’où la nécessité de se renseigner auprès de la chambre de commerce et des organismes professionnels concernés pour vérifier ces informations

  • L’envie de s’associer.
  • Si vous avez besoin d’un associé avec de l’argent ou des compétences que vous ne possédez pas vous-même, avez-vous déjà trouvé quelqu’un qui comblera ce besoin et avec qui vous pouvez vous entendre ?
  • Avez-vous déjà pesé le pour et le contre des différentes solutions pour votre entreprise : faire cavalier seul, prendre un associé, former une société ?

Si vous souhaitez rester impérativement seul maître à bord, restez indépendant, en entreprise individuelle, mais cela ne vous empêche pas de vous « associer » avec d’autres pour ne partager que certaines charges et réaliser ainsi des économies : c’est le cas par exemple du GIE (groupement d’intérêt économique), dans lequel chaque associé reste indépendant au niveau de l’exercice de son activité professionnelle.

En revanche, si vous avez envie de vous des compétences et de capitaux complémentaires, éviter une répartition des parts du type 50/50, meilleur moyen pour bloquer toutes les décisions.

  • L’organisation patrimoniale

La protection de votre patrimoine personnel dépend de la forme juridique choisie. Dans une société en nom collectif (SNC), chaque associé est solidairement et indéfiniment responsable des dettes la société. Ce qui signifie qu’en cas de difficultés financières, si les biens de la société ne suffisent pas à désintéresser les créanciers, ceux-ci pourront faire saisir les biens d’un ou de plusieurs associés, à charge pour ces derniers de se faire rembourser en partie par ses coassociés. Toutefois quel que soit le type de société choisi, le dirigeant est garant de la bonne gestion de l’entreprise à l’égard de ses associés et des tiers.

  • Les besoins financiers.

En fonction du développement prévu de l’entreprise, il peut être important de penser à créer une S.A pour  pouvoir accueillir des investisseurs dans face à eux.

  • Le fonctionnement de l’entreprise

Les règles de fonctionnement sont plus ou moins contraignantes selon la structure choisie.

Dans l’entreprise individuelle, ces règles sont réduites au minimum. Le dirigeant prend toutes les décisions seul, mais engage en contrepartie sa responsabilité. Par contre, dans les entreprises collectives, le dirigeant n’agit pas pour son propre compte, mais au nom et pour le compte de la société. Il doit observer un certain formalisme et requérir l’autorisation de ses associés pour tous les actes importants qui touchent la vie de l’entreprise.

  • La crédibilité vis-à-vis des partenaires (banquiers, clients, fournisseurs…)

Il est indéniable que pour soumissionner à certains marchés publics, la création de l’entreprise sous forme de société  avec un capital consistant sera recommandée.

  • Les principales formes juridiques.

De manière générale, le candidat à la création d’une entreprise devra choisir entre la forme individuelle et la forme collective. Il s’agit, à terme, de voir quel est la véritable personnalité juridique qui serait engagée. La personnalité juridique est l’aptitude à être sujet de droits et d’obligations. S’il choisit la forme individuelle, alors il peut créer une société unipersonnelle qui ne peut avoir que la forme d’une SA ou d’une SARL. La société ainsi crée aurait une personnalité juridique distincte de la sienne. Par contre, il peut choisir par exemple de mener une activité commerciale en son nom et pour son propre compte. Dans ce cas, cette entreprise commerciale n’aurait pas la personnalité juridique, et seule opèrerait la personnalité juridique de son créateur. S’il choisit une entreprise collective, alors il doit créer une société commerciale qui peut être une SA (Société Anonyme), une SARL (Société A Responsabilité Limitée), une SNC (Société en Nom Collectif), ou une SCS (Société en Commandite Simple).

Le choix de l’une de ces formes ne se fait pas au hasard. Si l’entreprise a une grande taille, il est préférable de choisir une SA. Pour les entreprises à petite taille, il est préférable de choisir la SNC, car dans ce cas il existe une confusion apparente entre le patrimoine de l’entreprise et celui des associés. A côté de ces entreprises parfaites de capitaux et de personnes, il existe des formes intermédiaires que sont la SARL et la SCS, l’idéal étant à terme de les transformer en SA. C’est dire finalement que le critère de la commercialité importe peu en ce qui concerne les entreprises. Seule compte la forme, car si une entreprise prenait l’une des formes ci-dessus, elle serait d’office une entreprise commerciale, même si ses activités ne sont pas tout à fait commerciales. De même, une entreprise quelle que soit la forme, peut mener n’importe quelle activité, sous réserve du respect de ses statuts et de la réglementation des affaires.

On distingue traditionnellement les sociétés de capitaux et les sociétés de personnes. Si dans les premières seuls comptent les capitaux et non la considération des propriétaires de ces capitaux, en revanche, dans les secondes, l’accent est mis sur la considération de la personne que l’on traduit juridiquement comme étant l’intuitu personae. Dans les sociétés de capitaux, le patrimoine des associés est nettement distinct du patrimoine de la société, et c’est pour cette raison que les associés ne sont pas solidairement et indéfiniment tenus de payer le passif social sur leurs biens personnels. En revanche, dans les sociétés de personnes, la distinction entre le patrimoine de la société et celui des associés n’est pas très étanche, et c’est pour cette raison que les associés sont solidairement et indéfiniment tenus de payer les dettes sociales sur leurs biens personnels. Pour résumer, les créateurs d’une entreprise doivent peser les avantages et les inconvénients de la forme de la société à créer en intégrant ces paramètres :

Dans les sociétés de personnes, l’intuitu personae est l’une des caractéristiques dominantes, ce qui emporte deux conséquences : Premièrement, le capital social ne compte pas. Aucun capital minimum n’est exigé, et les associés possèdent des parts sociales non négociables, mais cessibles avec l’accord unanime des autres associés. Secondement, le retrait ou le décès d’un associé entraîne la dissolution de la société, sauf disposition contraire des statuts. L’autre caractère est la qualité de commerçant attribuée automatiquement à chaque associé avec des nuances dans la SCS, ce qui entraîne deux conséquences : Premièrement, pour être associé, il faut avoir la capacité pour être commerçant. Secondement, tous les associés sont indéfiniment et solidairement tenus des dettes de la société. Si la SNC répond parfaitement à tous ces critères, il faut noter en revanche quelques aménagements au profit des autres sociétés de personnes que sont la SP (Société en Participation) et la SCS.

Dans les sociétés de capitaux, on note qu’elles ont pour objet la réunion d’importants capitaux, et c’est pour cette raison que la qualité de ceux qui les apportent importe peu. On les appelle aussi « sociétés à caractère impersonnel » ou « sociétés par action ». Les sociétés de capitaux ont deux principales caractéristiques : D’une part, le capital social est primordial, puisqu’il constitue le seul gage commun des créanciers sociaux. En conséquence, un capital social minimum est exigé, et la perte de sa moitié, sauf disposition contraire des statuts ou décision contraire des associés entraîne la dissolution de la société. Le capital est divisé en parts ou actions négociables et cessibles, sans l’accord ou sans l’avis des autres associés, sauf à prévoir une clause d’agrément qui leur donnerait un droit de préférence en cas de cession. D’autre part, les associés n’ont pas la qualité de commerçant. En conséquence, la capacité pour faire le commerce n’est pas nécessaire pour être associé, et les associés ne répondent des dettes sociales qu’à la limite de leurs apports, étant entendu qu’ils ne sont pas solidaires. Si la SA répond parfaitement à cette description, la SARL  paraît être hybride, puisqu’elle prend certaines caractéristiques de la SNC qu’elle combine avec certains caractères de la SA. La SARL est l’idéal pour mettre sur pied une exploitation de petite ou moyenne dimension. C’est pour cette raison qu’on la qualifie de société de personnes renforcées ou de société de capitaux atténuée.

  • FORMALITES ADMINISTRATIVES ET LEGALES DE CREATION D’ENTREPRISE
  • Un cadre légal et réglementaire favorable aux affaires

Le cadre légal et réglementaire a subi de profondes mutations  dans le but de créer un environnement incitatif et propice à la création de la richesse.

Il est loisible d’affirmer que l’environnement des affaires au Cameroun est encadré par la charte des investissements, mais également par une abondante législation qui touche d’importants secteurs économiques qui met  à la disposition des investisseurs un ensemble d’informations juridiques et techniques.

  • La charte des investissements.

L’adoption en 2002 d’une loi portant charte des investissements en République du Cameroun peut, à juste titre, être considérée comme une internalisation de la charte des investissements de la CEMAC.

En effet, la charte CEMAC stipule que les états membres veillent à promouvoir la sécurité juridique et judiciaire des affaires et à renforcer l’état de droit.

La charte vient ainsi se suppléer à l’incapacité du code des investissements et de l’office national de la zone franche industrielle à jouer efficacement dans la stimulation des investissements nationaux et étrangers.

D’une façon générale, la charte définit le cadre de promotion des investissements en précisant le rôle des différents acteurs économiques.

Elle institue des incitations générales :

  • La facilitation (assistance, célérité et allègement des formalités d’installation)
  • Le soutien (appui technique et financier à la création et au développement des entreprises et à la promotion des exportations)
  • Le régiment d’agrément

b- Autres textes législatifs.

Il s’agit de rappeler que tous les secteurs propices à l’investissement sont régis par des textes législatifs et règlementaires spécifiques.

Ainsi, le secteur des hydrocarbures et des ressources minières est régi par :

  • La loi n°99/013 du 22 décembre 1999 portant code pétrolier ;
  • La loi N°2001/001 du 16 avril 2001 portant code minier ;
  • La loi n°98/005 du 14 avril 1998 portant régime de l’eau ;
  • Le décret n°2000/935/PM du 13 novembre 2000 fixant les conditions d’exercices des activités du secteur pétrolier aval (raffinage, stockage, transport, distribution, importations, exportations et contrôle des produits pétroliers).

Dans les secteurs agricole, forestier et environnemental, les activités sont libéralisées et soumises aux :

  • Loi n°2003/007 du 10 juillet 2003 régissant les activités du sous-secteur engrais au Cameroun ;
  • Loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche qui prône la transformation locale grâce à laquelle le bois est deuxième produit d’exportation après le pétrole ;
  • La loi 96/12 du 05 août 1996 régissant portant loi cadre relative à la gestion de l’environnement qui se préoccupe d’harmoniser les nécessités de l’exploitation forestière avec les exigences de la conservation de la nature et de l’environnement à travers des organismes tels que l’agence nationale d’appui au développement forestier (ANAFOR).

Cet éventail législatif et réglementaire consacre trois principes majeurs :

  • La liberté d’investir dans toute activité de production, de prestation de service, ou de commerce sans distinction de nationalité ;
  • L’égalité de traitement dans l’exercice d’une activité suivant les principes et prescriptions des lois en vigueur ;
  • Le libre transfert des bénéfices industriels et commerciaux.

En outre, il convient de mentionner une législation du travail libérale et flexible.

  • Régime fiscal et comptable
  • Sur le plan fiscal

La loi fiscale au Cameroun distingue trois types de régime d’imposition :

  • Le régime de l’impôt libératoire ;
  • Le régime du simplifié ;
  • Le régime du réel.

Champ d’application

Sont assujettis au régime de l’impôt libératoire, les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur  à 10 000 000 F CFA.

Sont soumises au régime du simplifié, les entreprises dont le chiffre d’affaires est compris entre 10 000 000 et 50 000 000 F CFA.

Enfin, toutes les entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à 50 000 000 F CFA sont soumises au régime du réel.

En marge des régimes d’imposition, il ya lieu de relever l’existence d’autres obligations fiscales à l’instar de la patente et la licence.

A ce sujet, si l’exigence de la licence se limite à l’exercice d’un type d’activité comme la vente en gros, au détail ou la fabrication des besoins alcooliques, des vins ou des boissons dites hygiéniques, celle de la patente est relative à toutes les activités lorsque leur chiffre d’affaires est supérieur ou égal à 10 millions à l’exception des professions libérales qui sont soumises à la patente quel que soit leur chiffre d’affaires.

  • Sur le plan comptable

Le système comptable OHADA distingue trois systèmes de tenue de la comptabilité des entreprises.

  • Le système normal de comptabilité ;
  • Le système allégé ;

Le système minimal de trésorerie ;

  • Tableau synoptique du régime d’imposition par rapport à la tenue de la comptabilité.
Régime d’imposition Conditions d’application Patente IR (impôt sur le revenu) TVA (Taxe sur la valeur ajoutée Système de comptabilité
Impôt libératoire CA≤ 10 millions Exempt exempt Exempt exempt
Simplifié 10 millions≤CA≥50 millions

*CA≤30 millions

*30 ≤CA≥50 millions

 

 

 

 

 

 

 

Assujetti

 

 

Assujetti

 

 

 

Assujetti

 

 

Assujetti

 

 

 

 

Exempt

 

 

Exempt

 

 

 

 

Minimale de trésorerie

 

Système allégé

Réel CA≥50 millions Assujetti Assujetti Assujetti Système normale

 

3.2.2- Formalités conférant une existence légale aux entreprises au Cameroun

D’une manière générale, la création ou d’une reprise de société obéit aux prescriptions de l’acte uniforme OHADA sur les sociétés commerciales et les groupements d’intérêts économiques en ce qui concerne sa constitution, son immatriculation au registre du commerce et crédit mobilier et son fonctionnement.

Il faut outre souscrire une patente en fonction de son activité et de son lieu d’implantation, mais aussi s’affilier à la caisse nationale de prévoyance sociale

Il faut enfin veiller à l’insertion de la nouvelle société au journal d’annonces légales.

Cependant face aux récriminations des investisseurs tant nationaux qu’étrangers, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement a pris une mesure importante afin d’encourager les créateurs de richesse à travers  l’instruction n°001/CAB/PM du 18 mars 2010 relative aux formalités administratives de création des entreprises au Cameroun.

Nonobstant les formalités administratives exigées auprès des administrations compétentes dans le cadre des agréments ou autorisations nécessaires à l’exercice de certaines activités économiques au Cameroun, les seules formalités obligatoires qui confèrent une existence légale à toute entreprise sont les suivantes et ce, selon la forme juridique

  • Cas d’une entreprise individuelle

Le promoteur devra suivre les étapes suivantes :

°  Immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier  au greffe de la juridiction compétente dans le ressort de laquelle ce commerce est exploité ;

° Immatriculation du contribuable par l’administration fiscale et souscription d’une  patente au centre des impôts  compétent en fonction de son activité et du lieu d’implantation ;

° Immatriculation à la CNPS dès l’embauche du premier salarié ;

Le promoteur devra ouvrir un compte bancaire professionnel avant l’immatriculation.

Par ailleurs, il convient de signaler que l’entreprise individuelle ne présente pas de statuts

  • Cas d’une société et autres personnes morales

° Constitution de la société ; cette étape est précédée par la rédaction des statuts.

Comme pour l’entreprise individuelle, le créateur doit aussi vérifier si son activité est réglementée ou non. Et le cas échéant, il doit s’assurer qu’il remplit bien les conditions requises pour lancer son entreprise.

° Immatriculation au registre du commerce et du registre du commerce : selon l’acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et des groupements d’intérêt économiques, doivent requérir leur immatriculation, dans le mois de leur constitution, auprès du registre du commerce et du crédit mobilier de la juridiction dans le ressort de laquelle est situé leur siège social.

° Immatriculation du contribuable à l’administration fiscale ;

° Immatriculation à la CNPS dès l’embauche du premier salarié

Le créateur devra veiller à la publication de l’avis de constitution dans un journal d’annonces légales par les soins d’un notaire. Il  devra également penser à l’ouverture d’un compte bancaire.

Il est important de souligner que la patente est exigible deux années après la création d’entreprise. A ce sujet, la délivrance de l’attestation d’exonération est subordonnée à la production des pièces ci-après :

  • Une copie de la demande d’attestation de soumission à la CNPS ou le cas échéant, une demande d’attestation de non utilisation de personnel salarié ;
  • Une demande d’établissement de la carte de contribuable dont le formulaire est fourni par l’administration ;
  • Une copie des statuts ;
  • Un plan de localisation signé du requérant.

L’approche  traditionnelle  des formalités administratives qui vient d’être décrite a subi de profondes mutations. Ce changement a pour finalité de regrouper à titre expérimental et transitoire, l’ensemble de ces démarches en un seul lieu géographique unique, constitué des services publics compétents sous la forme de centre de formalités de création d’entreprises.

Il convient de préciser que jusqu’à ce jour, ces centres sont opérationnels uniquement à Yaoundé et Douala. Les autres localités du pays, les diverses administrations poursuivent leurs activités conformément aux procédures précitées.

Dans l’optique de centre de formalités de création d’entreprises, les requérants sont assujettis à la présentation des documents ci-après :

  • Le formulaire de liasse dûment rempli ;
  • Une copie des statuts notariés pour les personnes morales ;
  • Un plan de localisation ;
  • Une copie de l’extrait de casier judiciaire, pour les actionnaires disposant plus de 25% des parts sociales du capital ;
  • Une copie certifiée conforme de la carte nationale d’identité ou d’acte de naissance du promoteur.

Cette nouvelle réglementation consacre deux principes majeurs :

  • La célérité dans le traitement des dossiers relatifs à la création d’entreprise (72 heures après le dépôt, les opérateurs économiques devront rentrer en possession de leur attestation de création d’entreprise, conférant à ladite entreprise. Passé ce délai, le reçu de dépôt vaudra attestation);
  • L’assouplissement des formalités de création d’entreprise.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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-Catherine Leger-Jarniou. « Développer la culture entrepreneuriale chez les jeunes : théories et pratiques. Revue française de gestion ; n°185/2008. pp161-175

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-Verstraete  T. (1999), Entrepreneuriat : connaître l’entrepreneur, comprendre ses actes, l’Harmattan, collection Economie et innovation, Paris

-Verstraete T. et B. Saporta (2006), Création d’entreprise et entrepreneuriat, les  Editions de l’ADREG, Paris