COURS D’ÉTHIQUE Par Jacques Chatué (HDR)  Professeur titulaire des universités

L’éthique est cette discipline qui essaie d’améliorer la vie des hommes par la discussion. Son but est de renforcer le sens du bien. Du point de vue de ses objectifs, elle est donc un art de la vie bonne, à la fois réussie et digne. En 1998, puis en 1999, le Cameroun a été désigné, par l’ONG Transparency International,  comme pays le plus corrompu au monde. Parmi les mesures prises, figure l’institution de cours d’éthique dans les universités camerounaises, lieu de préparation de l’élite intellectuelle de demain. L’objet du cours est de présenter cette  notion d’éthique et d’en souligner l’importance dans la quête individuelle et collective de l’intégrité.

À la fin du cours l’étudiant sera capable :

  • De définir la notion d’éthique dans ce qui la distingue des notions voisines ;
  • D’expliquer en ses propres termes le bénéfice spécifique que l’on peut en attendre dans la lutte contre la corruption ;
  • D’en décliner les avantages pour la vie individuelle, pour celle des entreprises, et pour la citoyenneté.

Introduction

Partout, la demande d’éthique va croissant, et notamment dans les domaines de l’économie, de l’écologie, de la médecine,  de l’art, de la sexualité, de l’éducation, de la politique, et de la guerre, de l’éducation et de l’administration, de la médecine et de l’agriculture, des arts et du sport… Mais nous assistons à un immense paradoxe : tandis que la demande d’éthique augmente, les cadres de l’éducation morale s’affaiblissent. Ces cadres sont surtout la famille, qui ne cesse de se déchirer, la religion, qui devient cause de guerres, et l’école, qui, renonçant à l’éducation morale, ne se donne plus pour but que l’instruction et la formation professionnelle en vue de l’emploi immédiat.

Dans une société marquée par la montée de l’indifférence face aux souffrances des autres et même des personnes proches, par l’anomie ou absence de règles, selon ceux qui pensent, par l’impression d’un vaste remplacement du bien par le mal, l’éthique at-elle une chance d’efficacité ? Dans la vie moderne caractérisée par la primauté de la réussite économique, peut-on promouvoir la valeur d’intégrité ?

1. La notion d’éthique

1.1. Définition étymologique

Le mot d’éthique a trois étymologies grecques : « éthè », « éthos », éthikos ».

-« Ethè »

Ce mot se traduit par « style de vie » volontairement choisi, Il s’agit d’un style de vie individuel et issu d’une réflexion personnelle. L’homme est profondément enclin à l’imitation, nous dit Aristote. Mais faire comme les autres n’est qu’un premier pas : c’est le pas social ; faire mieux que les autres, voilà le pas éthique. Pour chacun d’entre nous, la force naturelle la plus grande et la plus importante est notre volonté. Elle nous permet d’éviter l’imitation passive et de nous savoir premier responsables de notre avenir. L’« Ethè » invite chacun à savoir qu’il est le premier responsable de lui-même, et que cela doit se traduire par l’estime de soi et par le labeur, le travail dur en vue de s’en sortir.

Lire Aussi :  Cours d'institution administratives et décentralisation (PDF)

[La société grecque était particulièrement caractérisée par le conformisme et même la religion n’avait de sens qu’en tant qu’adoration des dieux de la cité, c’est-à-dire des dieux appelant au service de la cité et non à la quête du salut. Le conformisme a ses avantages et ses défauts. Le sujet éthique reste un homme face à sa conscience, et il ne devrait pas agir par mimétisme ni par incitation de la masse. (Commentaire sur l’affaire Eichmann, sur le massacre anti-Tutsi, et sur l’Apologie de Socrate). En Afrique plusieurs se montrent de plus en plus attentifs à cette manière de voir qui devrait nous libérer de la référence outrée aux ancêtres, à l’ethnie ou à la lignée, (cf. Moussa Konaté, L’Afrique est-elle maudite ? Paris, Fayard, 233 p.). Ce sont là nos trois maîtres, selon Ibrahim Sow. Ces maîtres pourraient bien être des inspirateurs sans pourtant être des divinités].

-« Ethos »

Le mot « Ethos », traduit par « Mœurs », désigne les normes sociales d’une société, les habitudes collectives que valorise et transmet et institutionnalise une société. Elles constituent ce que les anthropologues appellent la « personnalité de base » de chaque société. Les mœurs engobent les usages, la coutume, l’ensemble des manières d’être, de parler, de se tenir, de se comporter, de penser et de juger. Dans chaque société, les mœurs cimentent la vie commune et lui donne son identité. Elles forment le socle axiologique d’une nation, l’ensemble des valeurs auxquelles elle se réfère tout en les protégeant de toutes ses forces, et auxquelles les individus de cette société se réfèrent pour donner un sens à leur vie. Les mœurs d’un peuple ne se réduisent donc pas à sa coutume (du latin Consuescere, qui signifie « s’habituer »), en tant que système de normes imposées seulement par l’usage, mais aussi à ses repères existentiels, à ce qui oriente la vie de ce peuple, motive ses actions et leur donne un sens non exclusivement économique.

C’est en ce sens que Jacques Ladrière a dit :

« L’essentiel de ce que doit offrir une culture, c’est un enracinement et des finalités. D’une part elle doit permettre à l’être humain de se retrouver dans le monde et de s’interpréter lui-même, (…), d’autre part elle doit lui permettre de s’orienter tant dans sa vie individuelle que dans sa vie collective dans une visée unificatrice capable de donner un sens à ses entreprises » (Les enjeux de la rationalité, Paris, Aubier /UNESCO, 1997, p. 197).

Les coutumes ont trois caractéristiques : la large adhésion de ceux qui s’y soumettent, l’ancienneté, et la résistance aux lois étrangères. L’anthropologie étudie les mœurs des peuples en essayant de décrire et de décrypter les mécanismes qui règlent la vie des sociétés, quelles qu’elles soient.

Dans L’Esprit des lois, Montesquieu a mis en lumière cette notion de mœurs en suggérant de comprendre la diversité des lois humaines en fonction de la diversité des habitudes sociales, et de la diversité des climats.

Lire Aussi :  COURS DE DROIT DES CONTRATS ADMINISTRATIFS (PDF)

Que faut-il en penser ? Les mœurs de chaque société doivent d’abord être respectées avant d’être jugées, car c’est toujours de l’intérieur, à partir de ce qu’elles ont de meilleur, qu’on pourra les retoucher et, au besoin, les subvertir.  Il faut donc en tenir compte pour s’ouvrir à divers codes se voulant universels, au lieu de les subir comme une imposition.

-« Ethikos »

Cette troisième étymologie désigne le questionnement philosophique et scientifique sur les principes devant guider les actions humaines en général. Ce questionnement peut porter sur le sens des concepts éthiques (on parle alors de méta-éthique), sur la source des valeurs éthiques (on parle alors d’éthique normative), ou sur l’emplacement a priori ou a posteriori des prescriptions éthiques (on parle alors d’éthique appliquée). Science et philosophie unissent leurs forces pour comprendre les déterminants de la bonne conduite. Car s’il faut étudier scientifiquement les manières de vivre des uns et des autres, et de chaque société, et il faut les discuter philosophiquement.

Ainsi, dans l’Antiquité, le philosophe grec Aristote (IVème siècle avant Jésus-Christ), a écrit un livre intitulé Ethique à Nicomaque, où il se soucie de définir le critère universel du bien et du mal par l’idée de la juste mesure en toutes choses, c’est-à-dire par la proscription des excès. Ce qu’a de particulier cette démarche d’Aristote, c’est d’exiger que le bien et le mal deviennent sujets de recherches et matières à discussion, au lieu de demeurer objets de soumission ou de compromission. À l’exemple d’Emmanuel Kant, philosophe allemand du

XVIIIème siècle, les philosophes essaient d’éclairer les situations morales particulières

(casuistique) par des principes éthiques généraux (c’est le thème d’un ouvrage intitulé Métaphysique des mœurs).

À retenir : 

Pour chaque personne et pour chaque peuple, l’estime de soi facilite l’ouverture aux autres

  I.2. Les rapports entre l’éthique et les notions Voisines

La société n’est pas possible sans règles stables. D’où cet adage latin : « Ubi societas, ibi jus ». Là où il y a société, là, il y a des règles, qu’elles soient morales, religieuses, ou juridiques. Quelle est la place de l’éthique par rapport à ces diverses sortes de règles ?

I.2.1. L’éthique et la morale

L’éthique questionne la morale pour l’amener à être plus précise et plus justifiée.

La morale est l’ensemble des règles du bien, établies dans la conscience humaine, un ensemble de règles dont le but est de conduire l’être humain vers sa dignité d’homme, c’est-à-dire vers sa respectabilité. Il reste difficile de savoir comment elles existent dans notre conscience. Y sont-elles établies par Dieu, comme le veut Saint- Augustin ? Ou bien par la Nature, comme le dit Jean-Jacques Rousseau ? Ou encore par la société, comme le veulent Émile Durkheim ou Sigmund Freud ?quoi qu’il en soit, la morale vise le perfectionnement intérieur de l’homme individuel, d’abord. L’on peut s’attendre à ce que cette perfection vise la dignité personnelle, mais aussi la générosité interpersonnelle. L’accent sur la conscience en tant que juge intérieur de nos intentions et de nos actes, valorise des sentiments sanctionnateurs tels que le regret (lorsqu’on est conscient de son erreur, en principe involontaire) et le remords (lorsqu’on prend conscience de sa faute, en principe volontaire), ou la repentance (lorsqu’on a conscience d’avoir offensé Dieu lui-même). D’après le philosophe danois Arthur Schopenhauer, le contenu de la morale peut se résumer à ceci : éviter de blesser autrui, songer plutôt à l’aider (Les deux problèmes fondamentaux de l’éthique (1841)).

Lire Aussi :  Cours Introduction à La Science Politique Complet (PDF)

La morale fait intervenir plusieurs couples de notions opposées : le bien et le mal, l’égoïsme et l’altruisme, la violence et la paix.

La morale essaie de libérer l’homme de la puissance de ses passions et de ses instincts, et de l’élever au-dessus de l’animalité. C’est pourquoi on appelle « moralistes ». Le personnage du moraliste est illustré en France par Jean de la Fontaine (1621-1695), et en Angleterre par Oscar Wilde1854-1900), tous deux auteurs de contes aux leçons moralisatrices. Ces auteurs qui interpellent par leurs écrits à abandonner le mal pour s’adonner au bien, et spécialement l’égoïsme pour se tourner vers l’altruisme, comme y insistent aussi Vauvenargues (1715-1745) ou Stendhal (1783-1842).

Aujourd’hui, la morale est en recul, en raison du « nihilisme » (anéantissement général des valeurs morales). Les hommes se soucient davantage de leur apparence et des civilités superficielles que de leur dignité intérieure. Comment alors distinguer morale et éthique ?  Cette question se pose d’autant plus que les deux termes renvoient à la même étymologie. En effet, comme le terme grec « Ethikos », le terme latin « Moralis » signifie « mœurs ». On relèvera pourtant que l’éthique est influencée par l’esprit théorique des grecs, toujours plus abstrait que concret, et la morale, par l’esprit pratique des romains, toujours plus concret qu’abstrait. La morale recule et l’individualisme s’épanouit, individualisme de compétition, ou individualisme d’indifférence, au fur et à mesure que triomphe et se répandent les idéologies individualistes occidental, analysées notamment par qui parlent d’une forme de liberté qui entretient, depuis les XVIIIème et XIXème siècles, l’esprit de compétition interpersonnelle et l’esprit d’indifférence vis-à-vis des souffrances d’autrui (voir sur ce point Alexis de Tocqueville, et John Stuart Mill). Cette situation provoque des hostilités profondes à l’encontre du monde occidental, qui aux yeux de certains, justifie la violence terroriste et les idéologies de la désoccidentalisation totale du monde.

Le rôle des éthiciens n’est pas de prescrire une morale, mais de clarifier, d’approfondir et de discuter tout ce qui se présente comme moral.

L’éthique et la morale se distinguent tout en restant complémentaires. Le durcissement de leur opposition résulte de formes d’argumentations radicales, excessives, que l’on trouve dans la défense plus passionnelle que rationnelle de la morale chez Arthur Schopenhauer, et de l’éthique, chez Friedrich Nietzsche. L’éthique questionne la morale, la morale stabilise les normes. Les deux sont comme les deux bouts d’un même bâton. On ne peut en supprimer l’un qu’en supprimant le bâton lui-même. l’éthique est utile face aux dilemmes moraux, et la morale, face à la destruction totale des normes, poussée à l’absurde où l’on demande par exemple aux enfants de maternelle de choisir leur sexualité. 

I.2.2. L’éthique et le droit

L’éthique permet que le droit ne tienne pas son efficacité seulement de la peur de la sanction, sans d’abord se fonder sur la conviction inhérente à la conscience. Par-là se renforcent la citoyenneté et le patriotisme.

Le droit est l’ensemble des lois sociales garanties par l’État, qui est la puissance publique (ce qui exclut par exemple la vengeance et la « justice populaire »…). Plus exactement, le droit est en premier lieu la règle votée par le Parlement, et en second lieu le règlement émanant du pouvoir exécutif. Elle bénéficie dans les deux cas de la garantie étatique, qui lui confère une force obligatoire entre son entrée en vigueur (promulgation, publication, respect du délai légal d’information), et son abrogation (expresse, lorsqu’une autre loi déclare explicitement l’abrogation de la précédente, tacite, lorsque la loi nouvelle est incompatible avec le maintien de la précédente, ou rationnelle, lorsque le motif de la loi précédente a disparu). Or la loi n’a pas besoin seulement d’une force obligatoire, elle a besoin, en plus d’une force persuasive, ou convaincante, éléments décisifs du civisme substantiel, c’est-à-dire impliquant un rapport éthique à l’État et un rapport affectif à la nation (patriotisme). Le droit vise la régulation efficace de la vie sociale à partir d’une forme de loi ainsi caractérisée : la loi est officielle, obligatoire, impersonnelle, générale, explicite, écrite, promulguée, assortie de sanctions étatiques, elle tend à prendre une forme durable et totalement cohérente appelée « code ». Or si la loi est rendue efficace par la garantie que lui offre l’État, elle ne tire son efficacité matérielle que du degré d’adhésion de la société et de la culture qui prévaut au sein d’une nation. Autrement, dit, l’efficacité de la loi est accrue lorsqu’elle emporte la conviction des communautés et des citoyens. Le droit n’obéit jamais à la seule exigence de la raison, il fait intervenir des éléments qui concernent les mœurs propres à chaque peuple et qui sont d’origine religieuse, civilisationnelle, morale. Chaque peuple a son propre contexte, notamment géographique, sociologique, religieux et culturel. D’où la notion employée par Montesquieu d’« esprit des lois », et par Friedrich Karl von Savigny, d’« esprit du peuple ».

Lire Aussi :  Cours politiques publiques complet (PDF)

Le droit ne distingue le permis et le défendu qu’en vue d’une société considérée comme moralement bonne. C’est pourquoi la notion de justice est difficilement séparable de celles de vertu et d’équité (John Rawls), au lieu de se poser comme totalement indépendante d’elles (Hans Kelsen). Considérer le droit sans la morale, ne suivre que le droit en mettant de côté la morale, dissocier absolument légalité et moralité, nous mènerait à des situations immorales et donc injustes : d’où cet adage latin : « Sumum jus, suma injuria »,

« une trop grande justice est une plus grande injustice ». Par l’éthique, le droit reste flexible et moralement perfectible dans sa formation par les parlementaires et dans son application par les juges.

Il y a un droit subjectif : ce que la loi me permet d’exiger, c’est-à-dire mes libertés, et un droit objectif : ce que la loi m’oblige à respecter, c’est-à-dire mes devoirs. Les hommes tendent à défendre leurs droits subjectifs et à ignorer leurs droits objectifs. Pour Auguste Comte, nous devrions avoir l’honnêteté de reconnaître que nous avons tellement reçu des autres et des générations précédentes que nous devrions surtout penser à aider les autres et les générations futures. Mais comment en convaincre chacun ? La question reste posée, et elle justifie le recours la religion.

L’éthique est nécessaire au droit pour maintenir ce dernier sous surveillance intellectuelle, morale et citoyenne. Les parlementaires doivent largement motiver le choix des lois, et les magistrats, les décisions de justice qu’ils prennent. Ceci permet d’éviter l’arbitraire juridique ou judiciaire, instruments de l’arbitraire politique. De manière croissante, l’éthique aura une fonction de vigilance au regard de la densité des actions qui influencent l’élaboration d’une loi nationale ou transnationale, et notamment la densité des actions de lobbying. [en 2011, 11000 organisations de lobbys ont pesé sur l’élaboration des lois de l’Union européenne, dont 5400 syndicats, 1200 cabinets de consultants, 2700 ONG, 1800 Think Tanks, et une quarantaine d’églises. Source Delphine Simon, Sommes-nous aux ordres de l’Europe ?, Paris, Armand Colin, 2017, p. 24]. De même l’éthique aura une fonction de vigilance auprès de l’importance croissante de l’affairement juridique international tant au niveau des législations qu’au niveau des juridictions.

Lire Aussi :  Introduction à la Methodologie des Sciences Sociales

I.2.3. L’éthique et la religion 

L’éthique permet à la religion de ne pas perdre une partie de ses objectifs :

l’amélioration de la conduite des hommes et non pas seulement le salut.

 La religion est cette tentative plus ou moins réussie d’établir une relation effective entre l’homme et Dieu. La religion va plus loin dans la valorisation du bien que ne le font la morale et le droit. C’est pourquoi il est paradoxal que des religieux pratiquent le mal. Dans toute religion, l’homme essaie, par des croyances et des actes de soumission de se poser comme un être limité en face d’un être illimité à qui il doit respect et obéissance absolues. La notion religieuse la plus importante est la notion de limite. Le mot « religion » vient du mot latin « religare », qui signifie relier. Mais comment s’assurer que cette relation est effective ? La particularité de la religion chrétienne, qui reste la plus historiquement influente, est de présenter un Dieu qui est venu Lui-même sur terre afin d’établir cette relation avec quiconque l’accepte en promettant de se laisser transformer de l’intérieur par le Saint-Esprit de Dieu. Ce qui ne peut que produire des effets de transformation spirituelle et morale. Tout affichage religieux qui ne produit pas des effets sur le plan éthique est une contradiction vivante. C’est pourquoi la religion, objet d’un discours pluriel, est d’abord objet d’une preuve testimoniale, c’est-à-dire d’une preuve incluant le témoignage de transformation du péché en sainteté, de l’orgueil en humilité, de l’égoïsme en altruisme à l’égard de Dieu et à l’égard des autres.

La religion est l’objet d’au moins cinq sortes de discours : le discours théologique, qui insiste sur la foi, le discours scientifique, qui se contente d’étudier les faits religieux du point de vue de leurs différentes manifestations, le discours philosophique, qui récupère philosophiquement le sens rationnel de la religion, et le discours apologique qui défend raisonnablement la foi en s’appuyant sur la science, et le discours testimonial, qui se contente de témoigner de la foi, sans la théoriser.

Comme le droit et la morale, la religion condamne le mal, par exemple la corruption, le faux témoignage, le vol, etc. Mais la religion s’en distingue par le fait qu’elle les condamne plus radicalement et plus profondément encore, en se référant à Dieu. Ce qui distingue

l’éthique de la religion réside surtout dans le fait que les prescriptions religieuses privilégient le rapport avec Dieu tandis que l’éthique pose seulement le problème des rapports de l’homme lui-même et avec autrui. De plus, l’éthique sollicite exclusivement la réflexion humaine, c’est-à-dire une recherche laïque, guidée par les « seules » exigences de la raison. Enfin au contraire de la religion, l’éthique  ne s’établit pas sur la base de la certitude, mais sur la base de vérités toujours provisoires, parce que soumises au libre examen de la raison. La mauvaise religion ne cherche que des adeptes et refuse tout argument, la vraie religion accepte les arguments et n’a peur d’aucune vérité. Les religions révélées ont cette particularité de mettre l’accent sur la nécessité d’une séparation absolue entre le Bien et le Mal. Sans la religion, les notions de bien et de mal peuvent facilement se détruire. La religion est indispensable à la vie collective, car la crainte de Dieu amène le citoyen à accepter de se limiter et de penser aux autres. On parle de religion civile pour souligner le fait que la religion facilite la paix sociale.

Lire Aussi :  Cours de justice et ses institutions complet (PDF)

La religion met en avant les problématiques de la mort et de l’au-delà, et subordonne le rapport à autrui au rapport avec Dieu.

À retenir :

La morale, l’éthique et la religion ne valent que si, loin de s’exclure elles se fortifient réciproquement

Débat :  L’éthique des affaires, qui aujourd’hui interpelle tous les citoyens, est-elle compatible

avec la réussite économique ? 

  1. Le rôle de l’éthique dans la lutte contre la corruption et pour l’intégrité

II.1. La corruption et les mesures légales de rétorsion

II.1.1. Définition de la corruption

 Du verbe latin « Corrompere », qui signifie détruire, la détruit les moyens de l’État, ainsi que le sens de la citoyenneté et de la solidarité. Elle détruit en même temps la dignité individuelle aussi bien du corrupteur que du corrompu.

Dans son livre intitulé La République, au livre X, Platon écrivait : « Tout ce qui corrompt et détruit est le mal, mais ce qui conserve et avance est le bien » (608 e).

[Si au quotidien la corruption peut prendre des visages multiples (prévarication, ou détournement de fonds publics, concussion ou contrainte indirecte à payer des services en principe gratuits, extorsion ou contrainte plus directe à payer un service en principe gratuit, etc. escroquerie vulgairement désignée comme

« feymania »), à l’échelle d’une nation en construction, la corruption et les infractions assimilées envoient un message anti-éthique qui, progressivement, mais inexorablement, amenuise la richesse publique et érode le sens patriotique. A l’échelle globale, la corruption entraîne l’humanité entière vers la pente de l’autoanéantissement].

Comment la définir ? Sous son aspect principal, elle apparaît comme une transaction gagnant-gagnant, mais avec un tiers-perdant, qui se trouve précisément être l’État. Acheter ou vendre un service au prix de l’intérêt général témoigne d’un mépris à l’égard de cet intérêt général. La corruption n’est pas simplement une mauvaise idée regrettable, à l’origine d’un acte illicite comme tant d’autres, elle est une force corrosive, une puissance mauvaise aux effets chaotiques et disproportionnés, qui s’établissent durablement dans des pratiques que la loi ne pourra que péniblement dissoudre.

II.1.2. Les mesures légales de la lutte anti-corruption

Lorsqu’en 1998, puis en 1999, l’ONG allemande Transparency International désigne le Cameroun comme pays le plus corrompu de la planète, il s’est produit comme un effet d’aubaine, car cet affichage dommageable a permis de réentendre les mises en garde de nos Présidents successifs (voir sur ce point Dominique Mvogo, Le devoir de solidarité. Pour une éthique de l’être-ensemble, Yaoundé, PUCAC, 2009, p. 41 ; Fonkoua et Toukam, Eléments d’éducation à la morale et à la citoyenneté au Cameroun, Yaoundé, Editions Terroirs, 2007, p. 35-36). Ce rappel à l’ordre s’est alors traduit par tout un train de mesures, qui conjuguent aux efforts des gouvernements, ceux des institutions religieuses, des ONG, de la Société civile, des moralistes de tous bords, et autres penseurs de tous bords, philosophes et non philosophes. En réponse à ce phénomène complexe, on comprendra que les structures se multiplient, même si se pose ensuite la question des stratégies de leur mise en cohérence, question qui figure actuellement dans le cahier de charge de la fameuse SNLCC, la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption au Cameroun. (Sur ce point, voir Talla Marius, Deux ans de mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption au Cameroun.

Synthèse d’un processus inédit, Yaoundé, CLE, 2013).

Lire Aussi :  COURS DE DROIT FISCAL GENERAL (PDF)

Les diverses initiatives de sensibilisation, intensifiées depuis les années 90, l’observatoire de lutte contre la corruption, véritable laboratoire d’idées, l’élaboration de codes éthiques divers, aboutissent à plusieurs outils de la lutte contre la corruption, dont par exemple :

  • L’ANIF : Agence Nationale d’Investigation Financière ;
  • Les CLCC : Cellules de Lutte Contre la Corruption ;
  • Les CMLCC : Cellules Ministérielles de Lutte Contre la Corruption ;
  • La SNLCC : Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption ;
  • Le MEPRODEC : Mécanisme de Protection des Dénonciateurs de la Corruption ;
  • Le FACTS : Fight Against Corruption Through Schools ;
  • Le COSCO : Concours Sans Corruption ;
  • La CONAC : Commission Nationale Anticorruption du Cameroun ;
  • La CNUCC : Coalition Nationale de Lutte contre la Corruption ;
  • Le TCS : Tribunal Criminel Spécial ;
  • PRECIS : Prévention, Education Conditions, Incitations et Sanction.

Plusieurs auteurs dont le philosophe camerounais Lucien Ayissi (Corruption et gouvernance, 2008), ont relevé l’impuissance de la répression en tant que mode dissuasif de la corruption. Sans doute faut-il à cet effet, davantage jouer sur la conviction.

II.2. L’intégrité et ses aspects

II.2.1. L’intégrité, facteur de dignité objective

L’intégrité est un choix de vie morale qui fait grandir en dignité et montre le chemin de la véritable humanité. Elle reflète la fermeté de nos convictions et la grandeur de notre personnalité. L’effort de l’homme doit aller dans le sens de la lutte pour sa propre intégrité. L’intégrité est un choix de vie librement consenti et qui devient le premier antidote contre la corruption. Elle procure joie interne et estime de soi. C’est la face positive de la liberté. La corruption peut dépendre des autres, mais l’intégrité ne dépend que de nousmêmes. En ce sens, dans L’Emile ou de l’éducation, Jean-Jacques Rousseau écrit : « Homme, ne cherche plus l’auteur du mal : cet auteur c’est toi-même. Il n’existe point d’autre mal que celui que tu fais ou que tu souffres, et l’un et l’autre te viennent de toi » [Paris, Garnier Flammarion, 1966, p. 366].

L’intégrité désigne au fond l’idée d’une solidité morale, d’une innocence active, d’une liberté par apport à toute bassesse et à toute corruption. Il ne faut jamais penser que tout le monde fait la même chose, croit la même chose, choisit la même chose et veut la même chose. Il ne faut jamais penser que tout homme, sans exception, est susceptible d’être détourné de la justice dès qu’on brandit son intérêt privé en contrepartie. Car croire que la corruption insurmontable, c’est la naturaliser et c’est ipso facto lui fournir son meilleur argument.

Lire Aussi :  Cours Legal English Introduction au droit anglais (PDF)

Il se peut alors qu’à terme le désir d’intégrité devienne contagieux et permette une imitation en chaîne, qui finit par constituer une contre-force sociale opposable à la force sociale de la corruption. À force de persévérance face aux railleries et aux quolibets, l’homme intègre finit par se découvrir une âme de leader. La corruption est un obstacle sur le chemin de l’homme d’honneur. Mais comme dit Saint-Exupéry, « l’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle » (Terre des hommes). L’obstination dans l’intégrité finit donc par produire son effet d’entrainement,  son effet d’ignation, car, comme dit encore Saint-Exupéry, « dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche ; il faut les créer, et les solutions suivent » (Vol de nuit). L’homme intègre est l’homme le plus optimiste. Ses actions enclenchent tôt ou tard des réactions en chaîne, au point où elles rendent possibles d’autres actions possibles, qui à leur tour provoqueront des réactions en chaîne de la même sorte, créant ainsi une alternative, grâce à laquelle la corruption paraîtra dans toute sa hideur comme un choix ignoble, auquel nul ne saurait plus se sentir obligé. Aristote écrivait : « Le bonheur est à ceux qui se suffisent à eux-mêmes ». L’intégrité alimente le sens du contentement, qui, à l’ère où l’esprit d’entreprise (le désir de produire et augmenter la richesse commune) est remplacée par la chrémastique (le désir obstiné de la seule richesse matérielle et financière pour soi-même).

L’intégrité dans le secteur public est ce qui, plus que toute autre chose, en accroît la crédibilité.  Faire de l’espace public un espace d’intégrité permet un climat de confiance dans les administrations et même dans la vie politique, dont le sens retrouvé entretient le sentiment d’un être-ensemble.

II.2.2. L’intégrité, conséquence de la conviction profonde du besoin de citoyenneté substantielle

L’éthique doit toujours se prolonger par la citoyenneté et le patriotisme. Du latin civis, ce qui appartient au citoyen, désigne la valorisation par l’état e par l’individu du statut de citoyen, qui renvoie à la fois à des droits reconnus à tous et à des devoirs qui, quant à eux, sont toujours plus que des obligations juridiques, des interpellations morales.

« Le citoyen, c’est celui qui participe de son plein gré à la vie de la cité. Il partage avec ses concitoyens le pouvoir de faire la loi. Le pouvoir d’élire et, le cas échéant, d’être élu. Si tu fais la loi, il est normal que tu lui obéisse. Ça s’appelle le civisme. Et si tout le monde s’arrangeait pour ne plus payer les impôts, il n’y aurait plus de gendarmes, ni de lycées, ni d’hôpitaux, ni d’éboueurs, ni d’éclairage public, parce qu’il faut de l’argent à l’état ou à la ville pour entretenir ces services »

Texte de Régis Debray, La République expliquée à ma fille (1998)

Le civisme est l’attachement à l’État. Attachement juridique, par exemple par le fait de porter une nationalité, mais aussi attachement éthique et affectif, par le fait de désirer que sa nation subsiste et se fortifie, et non seulement sa nation, mais aussi les nations des autres et même l’environnement, sans lequel toute vie serait détruite. D’où cette maxime que Hans Jonas propose en complément à l’impératif catégorique kantien : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre ».

Lire Aussi :  Cours Droit Du Contentieux Administratif (PDF)

Conclusion. L’éthique, un facteur d’optimisme

L’homme est cet être qui peut toujours changer et toujours s’améliorer. L’homme change soit par peur, soit par intérêt, soit aussi par conviction. La peur et l’intérêt prennent facilement possession de nous, hypothéquant de l’intérieur notre liberté. Le rôle de l’éthique dans la lutte contre la corruption consiste à articuler ce qui peut amener les hommes à changer par conviction. Ceux qui agissent par conviction se rencontrent par le haut, dans le respect, même s’ils se détestent, et ceux qui agissent par intérêt ne se rencontrent que par le bas, dans un certain mépris mutuel, qui n’a rien à voir avec leur intérêt. Platon soulignait le fait qu’agir par conviction est essentielle à la véritable justice, oppose à la justice strictement légale, apparente, et superficielle. C’est ce que montre l’épisode de « l’Anneau de Gygès » (La République, livre 2). Kant établit sur cette base la différence entre « agir conformément au devoir » et « agir par devoir ». La conviction est opposable, y compris au-devant de certaines actions auxquelles l’État lui-même voudrait nous obliger. C’est ce que traduit la notion de « clause de conscience ». personne ne devrait donc agir en sacrifiant ses convictions, mais il faut que ces convictions restent raisonnables et compatibles avec la notion du bien commun.

À retenir :

On reste enfant tant qu’on n’obéit que par peur, et médiocre quand on n’obéit que par intérêt. L’homme digne de ce nom obéit par conviction     

Bibliographie sommaire

ARENDT (Hannah), L’impérialisme, Paris, Points, 2010.

ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, trad. Jules Tricot, Paris, Vrin, 2007.

AYISSI (Lucien), Corruption et bonne gouvernance, Yaoundé, PUY, 2003.

BERLIN (Isaiah), Eloge de la liberté, Paris, Calmann Lévy, 1988.

BILLIER (Jean-Cassien), Introduction à l’éthique, Paris, PUF, 2010.

BOSS (Gilbert), John Stuart Mill, Introduction à l’utilité, Paris, PUF, 1990.

CLASTRES (Pierre), La société contre l’Etat, Paris, Editions Marée noire, 1974.

COMTE (Auguste), Discours sur l’esprit positif (1842), Paris, Vrin, 1995.

DERRIDA (Jacques), Spectres de Marx, Paris, Galilée, 1993.

DIOCESE D’EBOLOWA, COMMISSION JUSTICE ET PAIX, Les camerounismes de la

                                           corruption, éd. Groupes d’éthique, 2014.

FANON (Frantz), Les damnés de la terre, Paris, Maspero, 1961.

FONKOUA (Pierre) et TOUKAM, Eléments d’éducation à la morale et à la citoyenneté au Cameroun, Yaoundé, Editions Terroirs, 2007.

FOUCAULT (Michel), Histoire de la sexualité, t. 1, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976.

FUKUYAMA (Francis), State building. Gouvernance et ordre du monde au XXIème  siècle, trad. par Denis-Armand Canal, Paris, Editions La table ronde, 2004.

HEGEL (Georg Wilhelm Friedrich), Principes de la philosophie du droit (1820), Paris, PUF, trad.

Jean-Louis Vieillard Baron, 1999.

HOTTOIS (Gilbert), – Qu’est-ce que la bioéthique ?, Paris, Vrin, 2004.

  • Species technica, suivi d’un Dialogue philosophique autour de Species

 technica vingt ans plus tard, Paris, Vrin, 2002.

Lire Aussi :  Cours De Procédure Civile Complet (PDF)

HUME (David), Traité de  la nature humaine (1739), Paris, Ellipses, 2002.

HUNTINGTON (Samuel), Le choc des civilisations (1996), Paris, Odile Jacob, 1997.

JONAS (Hans), Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique (1979), Paris, Flammarion, 2013.

KANT (Emmanuel), Fondement de la métaphysique des mœurs (1785), trad. Victor Delbos, Paris, Delagrave, 1975.

  • Métaphysique des mœurs (1795), trad. Alain Renault, Poche, 1994.

KI-ZERBO (Joseph), Repères pour l’Afrique, Paris, Panafrika /silex, Nouvelles du sud, 2007.

KONATE (Moussa), L’Afrique noire est-elle maudite ? Paris, Fayard, 2010.

LADRIERE (Jacques), Les enjeux de la rationalité, Paris, Aubier /UNESCO, 1997.

LECOURT (Dominique), Contre la peur, Paris, PUF, 1990.

LEVY-BRUHL (Lucien), La morale et la science des mœurs,  Paris, Alcan, 1903.

LEVI-STRAUSS (Claude), Anthropologie structurale II, Paris, Plon, 1973.

LIPOVETSKI (Gilles), L’ère du vide. Essai sur l’individualisme contemporain, Paris, Seuil, 2001.

MACHIAVEL (Nicolas), Le prince, trad. Jacques Gohory, Paris, Gallimard, 1980.

MARCUSE (Herbert), Eros et Civilisation. Contribution à Freud (1955), Trad. J.G. Némy et B.

Fraenkel, Paris, Editions de Minuit, 1963.

MARX (Karl), Contribution à la critique de l’économie politique, Moscou, Les Editions du Progrès, 1981.

MIRABEAU (Victor Riqueti), L’Ami des hommes ou Traité de la population, Hambourg, Chrétien Herold, 1757.

MONTESQUIEU, L’Esprit des lois (1748), Paris, Gallimard, 1995.

MOORE (Georg Edward), Principia ethica, Cambridge, Cambridge Univesity Press, 1903.

MORIN (Edgar), Culture et barbarie européennes, Paris, Bayard, 2005.

–    La Méthode, t 6, Ethique, Paris, Points, 2006.

MOUGYOL A MBOUSSI, La corruption au Cameroun. Un panorama juridique, Préface du Doyen Victor Emmanuel Bokalli, Yaoundé, Presses de l’UCAC, 2007.

NDEDI PENDA (Patrice), Les parrains de la corruption. Comment ils paralysent les structures de lutte…, Yaoundé, CLE, 2006.

MVOGO (Dominique), Le devoir de solidarité. Pour une éthique de l’être-ensemble, Yaoundé, PUCAC, 2009.

NIETZSCHE (Friedrich), Aurore, trad. Eric Blondel et al., Paris, Garnier-Flammarion, 2012.

NJOH-MOUELLE (Ebénézer), Développer la richesse humaine, Yaoundé, CLE, 1980.

Député de la nation, Yaoundé, PUCAC, 2001.

ONDOUA (Pius), Existence et valeurs, vol. I, Paris, L’Harmattan, 2009.

PLATON, La République, trad. R. Baccou, Paris, Garnier Flammarion, 1966.

RAWLS (John), Théorie de la justice (1971), trad. Catherine Audard, Paris, Seuil, 1987.

REICH  (Wilhelm), L’irruption de la morale sexuelle (1935), Paris, Payot, 1972.

ROUSSEAU (Jean-Jacques), Du contrat social, ou principes du droit politique (1762), Paris, Flammarion, 2001.

SAINT-THOMAS D’AQUIN, Textes sur la morale, rassemblés par Thibaut Gress, Paris, Vrin, 2011.

SCHOPENHAUER (Arthur), Les deux problèmes fondamentaux de l’éthique (1841), Paris, Editions Alive, 1998.

SCHOOYANS (Michel), Dérive totalitaire du libéralisme, Paris, Mame, 1995.

SERRES (Michel), Le contrat naturel ((1987), Paris, Flammarion, 2009.

SPINOZA (Baruch), Ethique (1677), Paris, Livre de Poche, 2011.

STEINWORTH (Ulrich), Ethique classique et éthique moderne. Linéaments d’une éthique de l’être (1990), Paris, L’Harmattan, 2003.

SOREL (Georges Eugène), Réflexions sur la violence (1908), Genève-Paris, Entremont, 2013.

TALLA (Marius), Deux ans de mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption au Cameroun. Synthèse d’un processus inédit, Yaoundé, CLE, 2013.

VALADIER (Paul), La morale sort de l’ombre, Paris, Desclée de Brouwer, 2008.

VIGNY (Alfred de), Les destinées. Poèmes philosophiques (1864), Paris, Droz, 1961.

WEBER (Max), Le savant et la politique, trad. Julien Freund, Paris, Plon, 1995.

WIITGENSTEIN (Ludwicg), Investigations philosophiques (1953), trad. Paul Klossowski, Paris, Gallimard, 1961.